Madagascar: Des pièces de monnaie aux noms pittoresques

Bien que la monarchie merina n'utilise pas de monnaie officielle, le législateur traditionnel se préoccupe de règlementer les monnaies étrangères qui circulent dans le pays C'est principalement le Code des 305 articles de Ranavalona II " qui prévoit des dispositions précises pour protéger la monnaie " (Henri Raharijaona, président près la Cour d'appel).

Le crime de fabrication de fausse monnaie est déjà stipulé dans l'art. 1er du Code des 101 articles de la même souveraine. L'art. 9 de sa seconde loi spécifie que " ceux qui extraient de l'or, de l'argent, des diamants ou battent monnaie seront mis aux fers pendant vingt ans ". L'article met ainsi dans la même disposition, l'interdiction d'extraire des métaux précieux et de fabriquer de la fausse monnaie.

Toujours dans le Code des 305 articles, l'art.160 réprime le refus d'accepter ou d'échanger des pièces en circulation au taux légal. Traduit par Julien, voici ce que donne cet article : " Les piastres qu'elles soient 'Ngita, Tanamasoandro, Tsanganolona, Tokazo, Malamakely, Behatoka ou Tombotsisina', doivent être acceptées au même taux et échangées de même, du moment qu'elles sont de bon aloi. Si le change diminue pour l'une d'elles, il diminuera également pour toutes, et il en sera de même si le change monte ; ceux qui ne se conformeront pas à la présente loi, seront punis d'une amende d'un boeuf et d'une piastre et, s'ils ne peuvent pas payer, mis en prison à raison d'un 'sikajy' par jour jusqu'à concurrence du montant de l'amende. "

%

Léon Ozoux donne le sens de ces différents noms de pièces. Les premières pièces de monnaies à Madagascar sont les piastres espagnoles dites " vola dispaina " et mexicaines. " Ngita " signifie crépu, laineux, enchevêtré. Le terme sert à désigner les piastres espagnoles que lesquelles les armes de ce pays sont représentées avec " une richesse de détails qui constituent un véritable enchevêtrement ".

Le " Tanamasoandro " ou rayons de soleil désigne les piastres mexicaines sur lesquelles sont représentés un bonnet phrygien avec la devise " Libertad " et une auréole de rayons de soleil.

" Tsanganolona " est le nom des pièces de 5frs français avec le groupe allégorique représentant la Liberté, l'Égalité et la Fraternité des IIe et IIIe Républiques. De là, le nom de " Tsangana " (debout) et " olona "(personne).

" Tokazo " sert à désigner les piastres de la République bolivienne présentant d'un côté, le profil de Bolivar, de l'autre, un arbre et deux lames, d'où le nom de " tokazo " qui signifie touffe d'arbres.

" Behatoka (de " be " : gros, beaucoup, et " hatoka " : nuque) s'applique aux pièces de Louis XVIII et de Charles X, rois auxquels les Malgaches attribuent, d'après l'effigie qu'ils envoient, une forte nuque.

" Tombotsisina " (de " tomboka " : empreinte et " sisina " : bord, rebord) désigne toutes les piastres de l'Union latine dont l'exergue est marqué en creux au lieu d'être en relief.

Léon Ozoux ajoute à cette liste la piastre " Mandrihavia " (de " mandry " : couché et " havia " : à gauche) pour les pièces de Louis-Philippe. Celui-ci ne présente que le côté droit du visage et parait, de ce fait, couché sur l'autre.

Il y a aussi celle de Napoléon III ou " Volamadio " (" vola " : piastre et " madio " : propre net). Cette pièce porte aussi le nom d'" Ampongabe " (grosse caisse) car les Malgaches comparent à cet instrument les armes de l'Empire qui sont sur le côté pile de la pièce.

Les " Volavavy " ou piastres de la femme, désignent les pièces représentant la tête de la République française avec la couronne d'épis de blé et le bandeau avec l'inscription " Concorde " qui sont frappées sous les IIe et IIIe Républiques. Les pièces italiennes de Victor Emmanuel portent le nom de " Tranom-pitaratra", maison de verre, parce que les armes de la Maison de Savoie ressemblent à un " panneau vitré".

L'article 162 du Code des 305 articles prévoit enfin, une amende de dix boeufs et de 10 piastres, ainsi qu'une mise aux fers pendant deux ans à l'encontre de ceux qui " recèleront volontairement de la fausse monnaie ou chercheront à l'écouler dans la production.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.