Kenya: Répression de manif contre la vie chère - Casser le thermomètre ne fait pas retomber la fièvre

Vous ne pouvez pas, tous nous tuer, peut-on lire sur cette pancarte.
analyse

La tension est montée de plusieurs crans le 20 mars dernier au Kenya. En effet, la marche organisée par l'opposant et candidat malheureux à la présidentielle, Raila Odinga, a été réprimée. En témoignent les violents affrontements qui ont opposé la police aux manifestants dont certains érigeaient des barrages de fortune au moment où d'autres s'offraient en spectacle à travers des jets de pierres. Même l'initiateur de la marche qu'est Raila Odinga, en a pris pour son grade puisqu'il a dû se faire exfiltrer après avoir inhalé du gaz lacrymogène, et ce, alors même qu'il tentait de prononcer un discours face à ses militants. Et ce n'est pas tout.

Deux députés de son parti ont, quant à eux, été arrêtés dans la foulée. Pourquoi cette soudaine poussée de fièvre dans un pays où la violence a pignon sur rue ? En effet, tout se passe comme si, n'ayant pas digéré sa défaite à la dernière présidentielle, Raila Odinga cherche à pourrir la vie au nouveau président, William Ruto.

Si fait que profitant de la vie chère à laquelle font face les Kényans, il tente de renverser le régime en place en appelant à des manifestations tous azimuts à travers le pays. Autrement dit, Raila Odinga exploite la crise sociale actuelle au Kenya pour régler ses comptes avec son adversaire William Ruto dont l'avènement au pouvoir, on s'en souvient, avait pourtant suscité beaucoup d'espoirs chez les chômeurs et les couches défavorisées.

Plutôt que de bander les muscles, le président Ruto gagnerait à prendre des mesures fortes afin de contenir la grogne sociale qui couve

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Malheureusement, six mois seulement après sa prise du pouvoir, l'inflation a atteint un niveau record au Kenya, dépassant les 9%. On ne peut donc pas reprocher à l'opposant Odinga de chercher à tailler des croupières à son challenger qu'il accuse d'ailleurs d'avoir volé sa victoire à la dernière présidentielle.

Car, comme on le dit, en politique, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. C'est pourquoi, plutôt que de bander les muscles, le président Ruto gagnerait à prendre des mesures fortes afin de contenir la grogne sociale qui couve. Casser le thermomètre, dit-on, ne fait pas retomber la fièvre.

Car, en plus du chômage, les Kényans, il faut le dire, souffrent de la flambée des prix des produits de première nécessité, de la chute brutale de leur monnaie sans oublier la sécheresse qui a plongé des milliers de personnes dans la famine. Face à ce cocktail explosif, il y a fort à parier que si rien n'est fait, le pays ne sera pas à l'abri d'émeutes de la faim qui pourraient in fine servir la cause de l'opposition en emportant le pouvoir de Nairobi.

En tout cas, les mêmes causes produisant les mêmes effets, William Ruto a tout à gagner en prenant au sérieux la menace qui plane sur lui, et cela, en prenant les devants. C'est la meilleure manière pour lui de couper l'herbe sous les pieds de ses contempteurs qui, en dépit de la répression, ne lâcheront pas prise. Et c'est de bonne guerre.

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