Ile Maurice: Grosses pluies et accumulations - Nouveau cauchemar éveillé pour les habitants de la NHDC Vétiver

Les grosses pluies de janvier les ont marquées profondément. Maisons inondées, mobiliers abîmés. Vendredi et samedi derniers, bis repetita. Les habitants ont essayé de faire évacuer l'eau à l'aide de ce qu'ils avaient sous la main. Et en l'absence d'une solution pérenne, les familles de ce bloc d'habitations vivent un véritable tourment dès que la météo éternue, craignant de revivre le même cauchemar éveillé.

"Nou zis demann ki sa problem accumulation delo-la rezoud", crient de désespoir les habitants du nouveau complexe NHDC Résidence Vétiver, situé à Gros-Cailloux. Les résidants de l'allée A et F ne savent plus à quel saint se vouer. A chaque fois que le temps est couvert, ceux dont les maisons risquent d'être inondées se retrouvent dans l'angoisse, entraînant des problèmes de santé. "Nou pe vive dans stress. Couma la pli coumans tombe, nou coumans trakase." Sans compter l'odeur nauséabonde des eaux usées. Les mères et pères de famille qui travaillent ont peur de quitter leur maison ou encore de laisser leurs enfants seuls. Ces habitants ne demandent qu'à être écoutés et que le problème d'accumulation d'eau soit résolu afin qu'ils puissent vivre en sécurité.

Dès qu'il va pleuvoir, comme vendredi et samedi derniers, c'est le même réflexe : monter ce qu'ils peuvent à l'étage. Ces maisons livrées en 2022 comptent un salon, une cuisine, une chambre à coucher, des toilettes et salle de bains au rez-de-chaussée. La solution qu'a trouvée ces victimes d'inondations frappées pour la première fois en janvier dernier est d'aménager au minimum la maison au rez-de-chaussée. C'est ce que nous montre Manee Virasamy. Des sofas qu'on vient de lui donner et le réfrigérateur sont placés sur un support. Cette veuve de 63 ans est venue y habiter en juin 2022. Elle a attendu d'avoir sa maison pendant 26 ans. "Quand j'ai eu ma maison, j'étais contente. J'étais émue. Sans savoir que j'aurai autant de problèmes. Nous payons la maison tous les mois comme convenu. Donn nou enn landrwa safe. Il faut trouver une solution pour stopper ce problème. Nous ne sommes pas à l'abri à chaque fois qu'il pleut."

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Pour la famille Etienette, dont les membres ont attendu leur maison durant 16 ans, c'est un calvaire, déclare Isabelle, la mère de famille. "Nous avons travaillé dur pour avoir ce que nous avons perdu par l'accumulation d'eau. Nou met "sit" parski si nou atann nou la pay, nou pa pou capav fer nanier. Nous nous sommes énormément privés pour économiser de l'argent pour avoir cette maison. Nou priv nou vant pou gagne ceki nou ena (...) Quand vais-je récupérer mes affaires qui ne sont plus utilisables ?" se demande cette mère de trois enfants. "Cette situation me hante. C'est inquiétant de laisser la maison. Il faut régler ce problème pour que nous cessions de vivre dans le stress... Je veux planter mais je ne peux pas car je perds tout lorsqu'il pleut."

Les enfants de Micheline L'Espar ont, quant à eux, perdu un ordinateur portable qu'ils avaient reçu en cadeau, lors des inondations. Pour suivre les classes en ligne, n'ayant pas les moyens d'en acheter un autre, le fils aîné doit se contenter d'un portable.

Stephen et Devika sont aussi dans la peine avec leurs quatre enfants. Etant handicapé, l'époux doit rester au rez-de-chaussée et ses affaires ne peuvent être gardées à l'étage. Tous les effets de cette famille ont été abîmés, matelas, lit, réfrigérateur, entre autres, le 27 janvier dernier. "Nous venons d'avoir une armoire et un matelas comme vous pouvez le voir. Nous avions des difficultés à dormir sur un seul matelas. Mon époux est bénéficiaire d'une pension. Je ne peux pas travailler car j'allaite mon bébé. Après avoir payé les dépenses de la maison, il nous reste environ Rs 5 000 pour vivre. Comment allons-nous récupérer ce que nous avons perdu? Comie fwa dimoun pou donn nou kitsoz ? li pa facile."

"Si nous sommes en colère c'est parce que nous souffrons de cette situation... si delo pa rant devant li rant par deryer."

Mée, père de famille, relève qu'à chaque fois qu'il y a ce problème d'accumulation d'eau, les habitants se retrouvent seuls. "Si delo pa rant devant li rant par deryer. Ce n'est pas évident qu'à chaque fois qu'il pleut, nous devons rester éveillés. Les matelas et sofas abîmés depuis janvier sont toujours dans la cour. Ma moto est abîmée. Nous avons perdu la majorité de nos meubles neufs. Il est difficile de tout racheter. Nous avons fait beaucoup de sacrifice pour aménager notre maison." Mée constate que ses enfants sont traumatisés et ont peur à chaque fois qu'il pleut. "Si nous sommes en colère c'est parce que nous souffrons de cette situation... nous perdons non seulement nos biens mais c'est aussi un danger."

C'est la solidarité qui unit les voisins souffrant de ce même problème. Ne sachant quoi faire et vers qui se tourner, ils s'entraident. Ainsi, vendredi et samedi derniers, les habitants ont essayé de faire évacuer l'eau à l'aide d'outils qu'ils avaient sous la main. Tout ce que souhaitent ces habitants, c'est de pouvoir dormir tranquille même quand il ne fait pas beau temps.

Sollicité à ce propos, Vijay Naraidoo, le Chief Operations Officer (COO) de la National Housing Development Co. Ltd, nous fait part que "ce problème est du passé". Il explique : "avant même le week-end dernier, nous avions déjà commencé les travaux d'évacuation de l'eau qui s'accumulait à chaque fois qu'il y avait de la pluie. Nous avons complété les travaux le week-end dernier. Le drain qui évacuait l'eau accumulée a été élargie vers un champs qui absorbera l'eau. Ensuite, à l'entrée même de la résidence, nous avons nettoyer le drain qui allait tout juste derrière une première rangée de logement. Un tracteur a enlevé les trottoirs, soit les carreaux de béton, pour débloquer le passage et permettre l'eau d'aller dans le puit d'absorption. Il n'y a plus de risque d'accumulation d'eau."

Vijay Naraidoo dit comprendre l'angoisse de ces habitants après les difficultés due à l'accumulation d'eau et assure qu'ayant leur intérêt à coeur, il est resté sur le lieu jusqu'à ce que les travaux soient complétés. Il fait un suivi avec les représentants des résidents. Sauf que la réalité est tout autre sur le terrain.

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