Une histoire de famille dans un petit pays sans nom qui se reconnaîtra

Feryel Saïmanouli a choisi une jolie manière de traiter les problèmes de société qui l'interpellent. Plutôt que de s'ériger en militante des différents droits, ou en donneuse de leçons, elle raconte une histoire, file une allégorie et fait de son plaidoyer un conte.

Dans ce petit ouvrage, « Elles n'avaient pas le temps », elle traite un problème récurrent dans les combats des féministes de tous bords : celui de l'héritage. Problème de société, de religion, de politique, il a fait l'objet de promesses présidentielles du temps du président Caïd Essebsi, de diatribes enflammées du camp des traditionnalistes, de montées au créneau chez les partisans de l'égalité homme-femme. Feryel Saïmanouli en fait une histoire de famille dans un petit pays sans nom qui se reconnaîtra. Filant sa métaphore, elle adopte une technique de narration quelque peu cinématographique, interrompant souvent son récit pour prendre à témoin le lecteur, lui glisser un rappel, une indication, une explication.

Son héritage, celui dont on parle, s'est transformé en la quantité de temps à vivre dévolue à chaque humain et à laquelle les garçons ont droit au double de celui de leurs soeurs. Lila, l'héroïne, avait cru pouvoir inverser le cours de l'histoire, mais les traditions s'avèrent peser de leur poids de pierre, fût-ce face aux meilleures volontés.

L'espoir cependant demeure, et le livre s'achève sur une note de lumière.

C'est élégamment écrit et offre une façon légère d'aborder des sujets profonds.