Ile Maurice: Dans les collèges | Substances chimiques expirées - Un contrôle plus assidu requis

Le récent rapport de l'Audit évoque diverses expirations de produits chimiques pour des cours de science dans les collèges. Or, dans certains cas particuliers, ces substances, périmées depuis plus de dix ans, étaient toujours en utilisation. Comment cela se fait-il ? Quels en sont les risques ? Quel contrôle s'impose pour leur monitorage et destruction ?

Les visites du bureau de l'Audit en milieu scolaire n'ont pas généré d'atomes crochus. Hélas, cette instance a découvert que des substances chimiques, destinées aux cours de sciences en laboratoire, étaient expirées. Et ce, depuis plus de dix ans dans certains établissements. Malgré le fait qu'elles étaient périmées, elles étaient toujours utilisées. Pourtant, le National Audit Office évoque bien des procédures en ligne pour leur retrait et destruction auprès du ministère de l'Environnement.

Comment cela se passe-t-il dans la réalité ? Dans les collèges d'État, soutient Sooryadanand Meetooa, membre de l'Education Officers Association, les chefs de département disposent d'un ledger et y inscrivent tous les détails relatifs aux substances chimiques utilisées dans les laboratoires pour chaque matière scientifique. «Des cadres sont supposés procéder aux vérifications. Maintenant, je ne sais pas s'ils n'ont pas bien fait leur travail», confie-t-il. Selon lui, les substances chimiques expirées ne devraient pas être utilisées. Logiquement, poursuit-il, il faut un mécanisme pour les «discard» en toute sécurité. On ne peut les jeter à tort et à travers.

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«Si ce n'est pas le cas, il y a une faille quelque part. Et si l'Audit attire notre attention dessus, cela indique qu'il y a un problème. On ne peut continuer à utiliser ces substances chimiques expirées. C'est dangereux pour les enfants», ajoute-t-il. L'utilisation de produits périmés comporte des risques.

Dans le rapport de l'Audit, le ministère de l'Éducation avait mentionné que les chefs d'établissement ont pour responsabilité de s'assurer de la gestion des substances expirées. Est-ce le cas ? Selon Lindsay Thomas, recteur du collège Saint-Esprit Rivière-Noire, chaque chef de département scientifique est responsable du laboratoire, des équipements et substances chimiques. Il précise que la gestion du stock incombe à ces employés. Parallèlement, le recteur et le manager de l'école «jettent un coup d'oeil» sur ces étapes. «Dans les établissements privés, le monitoring se fait rigoureusement normalement. Généralement, on n'a pas les moyens de constituer un stock car on achète une petite quantité de produits chimiques par trimestre», déclare-t-il. De souligner que des inspecteurs de la Private Secondary Education Authority (PSEA) font des visites sur une base annuelle au minimum.

Riad Hullemuth, recteur du collège Saint Helena, souligne aussi cette mesure de contrôle de la PSEA. Les dates sont régulièrement vérifiées dans les laboratoires et le gymnase disposant d'un medical kit, entre autres. «Les laboratory attendants suivent assidument également la durée d'utilisation des produits chimiques. Quand ils sont expirés, on doit s'en débarrasser. Par exemple, on appelle des responsables de laboratoires privés pour la destruction. Cela se fait aussi auprès des autorités concernées.» D'après lui, dans les collèges d'État, des responsables d'assurance qualité font normalement des contrôles sur le plan pédagogique.

Pour sa part, Neeteshraj Sewpal, recteur du Curepipe College, explique qu'il faut déclarer les substances chimiques en stock. Un rapport du Mauritius Standards Bureau (MSB) doit être annexé à tout produit chimique, déclare-til. Ainsi, toute expiration doit aussi être notifiée au ministère concerné. Cela se fait en ligne. «Nous avons fait cela à deux reprises. Cette unité du ministère est venue récupérer les produits nécessitant une destruction. Définitivement, si on ne met pas un terme à l'usage de substances périmées, cela peut représenter un danger.»

Au niveau des extincteurs et alarmes incendie, les cadres du département d'Occupational Health and Safety viennent faire des contrôles. «Ils vérifient aussi si nous disposons bien des rapports du MSB», avance-t-il. Arvind Bhojun, président de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), cite certaines procédures établies pour la gestion des produits chimiques scolaires. À commencer par un Material Safety Data Sheet pour chaque produit chimique requis du fournisseur. Un document qui peut aussi être téléchargé en ligne et indiquer la concentration du produit en question.

Toutefois, précise-t-il, il subsiste une recommandation de la PSEA pour conserver les substances chimiques dans une salle verrouillée. «Mais il n'y a pas de vérification sur une base régulière. Le département de Health and Safety intervient seulement suivant une demande de la direction de la PSEA», déclare-t-il. Par exemple, le dernier retrait de ces substances remonte à deux ou trois ans. Alors qu'auparavant, cela n'avait jamais été fait, enchaîne-t-il.

Selon lui, la responsabilité intégrale de se débarrasser des produits chimiques expirés revient au ministère de l'Environnement. Et d'après d'autres informations glanées auprès du personnel éducatif, Arvind Bhojun évoque des cas où ces substances étaient «juste stockées dans des contenants en plastique». En cas de surplus, «ces derniers étaient enfouis sous terre» et «personne ne prend véritablement la responsabilité de leur destruction».

Le président de l'UPSEE évoque une telle pratique qui a débouché sur une explosion dans un collège. Un risque pouvant survenir dans toute institution scolaire. D'où la recommandation de s'assurer qu'une provision adéquate des substances chimiques et le retrait de celles expirées soient effectif.

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