Madagascar: Sévérité des prix

Les exportateurs de vanille ont eu ce qu'ils cherchaient. Ils ont voté la libéralisation du marché au détriment d'un soi-disant monopole.

L'État ne demandait pas tant. Autant pour les PPN que pour la vanille, il n'a fait que jouer son rôle pour protéger les planteurs et les consommateurs. L'État a enfreint la loi sur la privatisation et la libéralisation imposée par les bailleurs de fonds au milieu des années 90.

Cette loi interdit toute intervention de l'État aussi bien au niveau des prix qu'au niveau de l'importation des produits. Quarante neuf sociétés étaient à privatiser. Tout était parti sauf Air Madagascar et la Jirama dont on connaît la situation. Tous les secteurs stratégiques ont été vendus et l'État est devenu juste un actionnaire minoritaire. La vanille a toujours été un produit de fierté de Madagascar, premier producteur et exportateur mondial.

L'État a voulu préserver cette place vu la descente aux enfers amorcée par l'exportation de la vanille. La situation était plus qu'alarmante étant donné que plus le prix baisse, plus les rentrées en devises s'amenuisent. On connaît le cycle d'un marché libéral où la concurrence pure et parfaite relève d'une chimère. Est-ce que les planteurs, les exportateurs et l'État vont trouver leur compte dans un contexte de prix bradé de la vanille ? Rien n'est moins sûr. Comme c'est le cas dans le marché des parfums et des arômes où des conglomérats se sont arrangés sur les prix au mépris justement de la sacro-sainte loi de l'offre et de la demande, la vanille pourrait aussi avoir été victime de la même manigance. Au Maroc, le phosphate, seul produit de son sous-sol bénéficie d'une protection infaillible du royaume.

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Les bailleurs de fonds imposent souvent des règles qui appauvrissent plus la population qu'elles ne l'enrichissent. La vérité des prix, la libéralisation, le désengagement de l'État n'ont jamais réussi à améliorer la santé économique du pays ni les conditions d'existence de la population. Comment peut-on imposer le même prix de l'essence qu'en Europe à un pays où le salaire minimum est cent fois moins? Qu'on le veuille ou non, quand 80% de la population ne touche que 1,75 dollar par jour comme revenu, l'intervention de l'État est plus qu'une nécessité, les subventions une obligation, l'économie dirigée un dernier salut. Le reste relève d'une théorie néfaste et suicidaire qui n'a jamais fait ses preuves en quarante ans de reours aux mannes des bailleurs de fonds

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