Ile Maurice: Rapport sur les droits humains - Maurice égratigné pour une culture de l'impunité

Port-Louis, capitale de Maurice. (Image d'illustration).

Que ce soit dans la police ou pour des cas de corruption au niveau du gouvernement ou de la fonction publique, l'impunité règne. Conclusion du rapport 2022 du département d'État US.

Le département d'État, Bureau of Democracy, Human Rights and Labor des États-Unis vient de publier les Country Reports sur les pratiques de droits humains pour 2022. Pour Maurice, plusieurs aspects en ressortent. D'abord, mention est faite que les observateurs locaux et internationaux estimaient que les élections pour le choix du Premier ministre et des législateurs en 2019 étaient free and fair. Puis, le rôle de la police y est évoqué, indiquant qu'elle doit rapporter au ministère de la Défense.

Des problèmes significatifs de droits humains incluent des traitements cruels, inhumains infligés par le gouvernement, des arrestations arbitraires, l'atteinte illicite à la vie privée, de graves restrictions à la liberté d'expression et aux médias, la corruption gouvernementale grave, le manque d'enquête et la responsabilité de la violence basée sur le genre, etc.

D'emblée, le document souligne un manquement : «Le gouvernement n'a pas toujours pris des mesures pour poursuivre et punir les fonctionnaires ayant commis des abus ou qui se sont livrés à la corruption, que ce soit dans les services de sécurité ou ailleurs au sein du gouvernement. L'application des poursuites et des peines était incohérente et parfois politiquement influencée, ce qui se traduisait par une impunité», liton dans le rapport.

Un autre événement est mis en exergue : la mort de Soopramanien Kistnen. Ainsi, le 26 janvier 2022, le bureau du Directeur des poursuites publiques a demandé à la police de rouvrir une enquête sur le meurtre de l'ex-agent du Mouvement socialiste militant Soopramanien Kistnen en 2020. Cette demande intervient après un rapport d'enquête judiciaire réfutant les affirmations de la police selon lesquelles il s'était suicidé.

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En fait, dit le document, Kistnen aurait été sur le point de révéler des informations impliquant un ancien ministre dans un stratagème frauduleux de passation de marchés pour l'achat de fournitures de Covid-19. Il n'y avait pas eu d'autres développements à la fin de l'année, précise le rapport.

Les auteurs reviennent également sur les actes de torture policière, pourtant interdits par la loi et la Constitution. «Mais il y a eu des allégations d'abus de la part de la police, soit par le biais de plaintes officielles, soit par des allégations faites à la radio ou via les réseaux sociaux», précise le rapport. Par exemple, le 27 mai 2022, des vidéos dans lesquelles on pouvait voir des policiers de la Division des enquêtes criminelles de Terre-Rouge agresser sexuellement un détenu avec une matraque ont été diffusées.

Des agents de cette même unité ont été vus en train de maltraiter des détenus dans au moins deux autres vidéos. Après une enquête des autorités, trois policiers ont été arrêtés, puis libérés sous caution, et sept autres transférés dans d'autres unités.

Le rapport mentionne également l'épisode de l'arrestation de Bruneau Laurette et de son fils Ryan, précisant qu'après analyse, les substances saisies chez l'activiste n'étaient autres que des graines de chia, et non pas de la drogue comme le prétendait la police. Mention est faite également de l'arrestation d'Akil Bissessur. Aussi, souligne le rapport, «l'impunité est un problème important pour la police et les enquêtes impliquant des agents se poursuivent souvent pendant des années».

Alors que des actions disciplinaires contre les agents fautifs ont eu lieu, les licenciements ou poursuites ont été rares. «Bien que le gouvernement dispose d'un mécanisme d'enquête par l'intermédiaire de la Commission indépendante des plaintes contre la police et offre une formation aux droits de l'homme au personnel de sécurité, l'ingérence politique et une culture d'impunité dans les forces de l'ordre ont contribué à faire de l'impunité un problème», précise-t-on.

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