Tchad: Des ex-rebelles libres mais sans perspectives

Rebelles du FACT au Tchad

Quelque 380 anciens combattants du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad ont été libérés ce mercredi, sans aucun programme prévu pour leur réinsertion.

Au Tchad, 380 anciens rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) ont retrouvé la liberté au cours d'une cérémonie officielle à la prison de Klessoum, située à la sortie Sud de N'Djamena. Ils bénéficient d'une récente grâce présidentielle. Mais leur libération sans aucun programme de réinsertion sociale suscite quelques interrogations au sein de la population.

De nombreux jeunes sans qualification se retrouvent ainsi libres mais sans avoir de projet de vie. Ahmat, la vingtaine révolue, se dit soulagé par cette libération après près de deux ans de détention, mais ne sait que faire sans accompagnement du gouvernement.

"Nous ne pouvons pas être dans la nature sans aucune activité. Il faut un accompagnement, comme pour ceux qui sont rentrés à la faveur de l'accord de Doha", estime Ahmat, tout en disant "merci aux autorités".

"Gouverner, c'est prévoir"

Contrairement au jeune Ahmat, Kemnda Guelmine entend reprendre ses activités politiques. Selon cet enseignant et par ailleurs ex dirigeant d'un parti d'opposition, "le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour pouvoir insérer ces jeunes dans la vie active. Nous les invitons à le faire, parce que si on les laisse dans la nature, cela risque de créer encore un problème social. Pour cela, j'interpelle le gouvernement à insérer ces enfants dans la société."

Un avis que partage l'écrivain Sosthene Mbernodji, par ailleurs Coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés (MCPL). Pour lui, sans projet de réinsertion, "il y a de gros risques que ces ex-combattants rebelles deviennent des brigands ou qu'ils soient tentés de rejoindre à nouveau les autres mouvements rebelles. Gouverner c'est prévoir donc on doit prévoir pour que déjà ces jeunes retrouvent leur familles et puis professionnellement il faut qu'ils s'insèrent."

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Le gouvernement se défend

Interrogé par la DW à ce sujet, le ministre tchadien de la Justice Mahamat Ahmat Alhabo a indiqué sans plus de détails, que le gouvernement n'a pas perdu de vue la question de la réinsertion de ces ex-combattants. Il s'agirait d'une préoccupation examinée dans les prochains jours.

Ces ex-rebelles accusés d'être à l'origine de l'offensive lancée sur Ndjamena en avril 2021 qui a causé la mort du président Idriss Déby Itno avaient été condamnés à la perpétuité par la justice tchadienne.

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