Cadre du RHDP et avocat de profession, Me Abdoulaye Ben Meïté s'insurge contre les propos tenus par Laurent Gbagbo, vendredi dernier à la Ficgayo. Il rappelle que l'ex-chef d'Etat s'est illustré par des faits répréhensibles dont certains ont donné lieu à sa condamnation pénale à 20 ans de prison ferme.
Le Patriote : Laurent Gbagbo nie toute sa responsabilité dans la crise que la Côte d'Ivoire a connue en 2010-2011. Lors d'un meeting à Yopougon vendredi dernier, il a demandé d'aller chercher les coupables ailleurs. En tant que cadre du RHDP et avocat, que répondez-vous?
Me Abdoulaye Ben Meïté : Une telle déclaration parfaitement aux antipodes de la posture attendue de l'homme d'Etat, me semble inadaptée à la réalité historique de notre pays, tant il est manifeste que son auteur doit, et de toute évidence, assumer à tout le moins sa responsabilité politique dans ces tragiques évènements que notre pays a connus.
Encore et surtout qu'outre cette responsabilité politique, ce dernier s'est par ailleurs illustré par des faits répréhensibles dont certains ont donné lieu à sa condamnation pénale à 20 ans de prison ferme et pour laquelle il a bénéficié de la magnanimité du chef de l'Etat à travers la grâce présidentielle dont il est bénéficiaire et qui, faut-il le rappeler, loin d'effacer cette condamnation pénale, ne fait que l'exempter simplement de l'exécution de cette peine. En de telles circonstances, il gagnerait davantage à s'inscrire dans une humble approche de cette question, sauf à vouloir narguer ses nombreuses victimes.
LP : Est-ce qu'une personne qui est acquittée peut être tenue responsable d'un crime? En clair Laurent Gbagbo qui a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) peut-il être tenu pour responsable des 3000 morts de la crise post-électorale ?
ABM : Absolument et l'ex-président Laurent Gbagbo sait plus que quiconque que les faits pour lesquels il a été acquitté concernent des incidents bien précis pour lesquels il était poursuivi par la CPI, notamment les évènements relatifs aux femmes tuées à Abobo. Son acquittement, faut-il le préciser, est consécutif à l'insuffisance des preuves rapportées par le procureur de la CPI. Ce qui signifie en gros qu'il peut avoir commis les faits qui lui étaient reprochés juste que l'enquête de ce procureur n'a pas été suffisamment efficace à le maintenir dans les liens de l'accusation concernant ces seuls incidents poursuivis. Ce qui ne disculpe absolument pas Monsieur Laurent Gbagbo des graves faits survenus en Côte d'Ivoire et susceptibles de diverses qualifications pénale à son encontre.
LP : Avec cette sortie, l'ex-chef d'Etat ne plombe-t-il pas les efforts faits par le gouvernement en matière de réconciliation nationale ?
ABM : Loin s'en faut. Je pense au contraire qu'à travers de telles déclarations, Monsieur Laurent Gbagbo achève de convaincre nos concitoyens sur son mépris pour les victimes et les ivoiriens sauront lui apporter de justes répliques très bientôt dans les urnes à la faveur des prochaines joutes électorales, notamment dans la commune de Yopougon où tous ses partisans à travers le pays ne contiennent que la seule place Ficgayo. Ça veut tout dire.