Madagascar: Le retour des trois exilés de Calvi terni par des troubles

La première célébration de l'Indépendance se déroule les 29, 30 et 31 juillet 1960. Mais auparavant, le 20 juillet, le président de la République Philibert Tsiranana débarque à Madagascar, ramenant de France les trois anciens parlementaires exilés en Corse à la suite des évènements de 1947.

Il s'agit de Joseph Raseta, Joseph Ravoahangy Andrianavalona et Jacques Rabemananjara. La veille, ce dernier accorde une interview à des journalistes français. Il déclare à l'occasion : « Je suis de ceux qui pensent que les relations d'amitié et de compréhension entre nos deux peuples s'en trouveront grandement renforcées. Ceci est d'autant plus certain que le peuple malgache, son indépendance maintenant acquise, ne demande qu'à coopérer d'une façon fraternelle avec le peuple français en particulier, et avec tous les peuples. »

Quand le long-courrier d'Air France s'immobilise sur le terrain d'aviation d'Arivonimamo, le 20 juillet, ils sont accueillis par les autorités, notamment Gabriel Rajaonson et Jules Ravony, respectivement présidents du Sénat et de l'Assemble nationale, le grand chancelier Josoa Andriantsitohaina, et le gouvernement au grand complet dirigé par le vice-président Albert Sylla. On remarque aussi Sazet, délégué par le haut représentant français à Madagascar, Sauviat, représentant du chef de la Mission d'aide et de coopération, le colonel Gabriel Ramanantsoa, chef d'état-major de l'Armée malgache, Richard Andriamanjato, maire d'Antananarivo...

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Lorsque le président Philibert Tsiranana apparaît en haut de la coupée de l'avion, une grande ovation s'élève de la foule massée autour de l'aérodrome, « contenue par un service d'ordre particulièrement bien organisé ». Acclamations qui redoublent quand les trois exilés, très émus, descendent à leur tour du long-courrier. Le folklore est de la partie, notamment à Anosizato où de petites filles dansent devant le président Tsiranana qui « ne tardera pas à les accompagner en cadence ». À l'entrée d'Antananarivo, devant le lac Anosy, la garde à cheval, « magnifique d'allure dans son uniforme bleu ceinturé de blanc», précède la voiture présidentielle où le chef de l'État se doit de serrer toutes les mains qui se tendent vers lui. Tous se retrouvent ensuite à l'Hôtel de la Présidence pour un cocktail de bienvenue aux exilés, et enfin à l'Hôtel de Ville où Tsiranana, Raseta, Ravoahangy et Rabemananjara s'adressent à la foule venue nombreuse. Malheureusement, toute cette euphorie est assombrie par des troubles, comme l'indique un communiqué de la présidence de la République.

« A la suite des incidents regrettables qui se sont produits dans la soirée de mercredi (20 juillet) aux alentours de l'Hôtel de Ville, et le lendemain, auprès du temple d'Ambatonakanga, il a été signalé des dommages à des immeubles, installations, meubles et véhicules appartenant à divers particuliers. Les victimes de ces dommages sont informées qu'il leur appartient d'adresser leurs demandes d'indemnisation, pour le préjudice matériel qu'elles ont subi, au maire de Tananarive, seul légalement habilité à donner suite à de telles réclamations. »

Le 27 juillet, par application de l'ordonnance en date du 22 juillet qui autorise la dissolution de certaines associations et l'assignation à résidence fixe de personnes convaincues d'actions subversives, le conseil des ministres adopte un décret assignant « à résidence fixe dans l'ile de Nosy Lava» douze personnes qui ont participé aux incidents du mercredi 20 et du jeudi 21 juillet. Ces troubles qui se traduisent surtout par des actes de vandalisme, « ne ternissent pas » néanmoins les trois jours de festivités qui marqueront, fin juillet, la première célébration de l'Indépendance. Manifestations marquées dans la capitale par l'arrivée de nombreuses délégations étrangères, d'un discours présidentiel au monde entier, d'un podium, retraite aux flambeaux, feux d'artifices, inauguration de la Stèle de l'Indépendance sur l'ancien Square Colbert à Antaninarenina, défilé militaire.

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