Afrique: La 'répression transnationale' gagne du terrain

Selon un rapport de Freedom House, un nombre croissant d'Etats enlèvent ou violentent certains de leurs ressortissants à l'étranger pour étouffer toute contestation.

Le rapport du groupe de recherche américain Freedom House paru ce jeudi [06.04.23] identifie 854 cas de "répression transnationale" menés par 38 Etats depuis 2014.Si le rapport pointe particulièrement du doigt la Chine, d'autres pays comme la Turquie, la Russie, le Bélarus, ou l'Iran et des pays africains comme l'Egypte, Djibouti ou encore le Rwanda figurent également sur la liste.

"Intimidations et menaces"

Assassinat, utilisation de logiciel espion, intimidation familiale, menace en ligne... selon Freedom House, dans le cas du Rwanda ce sont là les méthodes les plus souvent utilisées pour faire taire les voix discordantes qui sont hors du pays. Les cibles sont des membres de la diaspora, en particulier ceux qui défient politiquement le gouvernement ou remettent en question sa version de l'histoire rwandaise.

Cette repression transnationale que dénonce Freedom House, Fred, dont le nom a été modifié pour des raisons de sécurité, assure en être victime depuis plusieurs années. Exilé dans un pays étranger, cet ancien soldat rwandais dit craindre pour sa vie et ne sort pratiquement plus de chez lui."Personnelement on a essayé de m'indimider pour que je coopère avec eux (...).Beaucoup de gens qui sont à l'étranger, on sélectionne ceux qu'on veut aborder et on les oblige à coopérer(...). En cas de refus de coopérer, on les élimine" assure-t-il à la DW.

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Michael Abramowitz, le président de Freedom House, estime que, "malgré une prise de conscience accrue du problème, de plus en plus de gouvernements autoritaires tentent (...) d'exercer un contrôle sur leur diaspora et les personnes en exil".

Djibouti, un autre exemple

Djibouti est un autre pays africain cité pour s'illustrer également dans la répression transnationale. Ce qui n'étonne pas Jean-Loup Schaal, responsable de l'Association pour le respect des droits de l'Homme à Djibouti.

Il explique que "Djibouti intervient à l'extérieur, d'abord en Ethiopie où il a fait extrader plusieurs personnes. En Europe et en Amérique du nord, il y a des espions et une certaine pression sur les opposants."

Pour mettre un terme à la répression transnationale, Freedom House émet des recommandations, notamment la mise en place de sanctions ciblées et des restrictions sur l'aide sécuritaire aux Etats concernés.

Mais ces recommandations ont, selon Jean-Loup Schaal, peu de chance de donner des résultats, particulièrement dans le cas de Djibouti qui abrite de nombreuses bases militaires de plusieurs grandes puissances.

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