Madagascar: Accés aux soins - La santé reste un luxe

L'argent est le nerf de la guerre. Faute de moyens, des personnes n'ont pas accès à des soins de qualité ou renoncent à se soigner.

Pendant la célébration de la journée mondiale de la Santé, hier, un patient d'un centre hospitalier universitaire (CHU) à Antananarivo s'apprêtait à sortir de l'hôpital sans avoir retrouvé la santé. Sa famille, à court de moyens, a demandé aux médecins d'autoriser le malade de quitter l'hôpital. « Il doit être opéré, mais il ne nous reste plus rien, après dix jours d'hospitalisation. Une fois dehors, nous allons chercher de l'argent, pour qu'il puisse poursuivre les traitements », témoigne sa femme, Hortense Rasoloarimanana, hier. Cette famille a dépensé près de 1 500 000 ariary, depuis son admission. Elle est endettée.

Paysans de métier, ces habitants d'un petit village qui se trouve à 24 kilomètres du chef-lieu du district d'Arivonimamo ont été obligés de faire des emprunts, pour subsister pendant ces dix jours. La suite du traitement reste une énigme pour eux. « Nous allons, peut-être, vendre des terrains, pour rembourser nos dettes et pour continuer les traitements. », enchaîne cette femme.

Nombreux sont ceux qui n'ont pas accès aux soins, à Madagascar. Difficile pour une famille qui ne gagne que 250 000 ariary par mois, le salaire minimum d'embauche, de payer les factures d'un scanner dont le coût varie de 200 000 ariary à 700 000 ariary, selon l'établissement, et d'autres analyses médicales. Difficile d'acheter des médicaments dont le prix est trois fois plus élevé que le prix dans les pharmacies en France. Même avec un salaire de un million d'ariary, on ne s'en sort pas. Mais le coût n'est pas le seul obstacle à l'accès aux soins à Madagascar. Certains malades doivent se déplacer dans la capitale.

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Utopie

Car même les hôpitaux des grandes villes des provinces ne disposent pas de certaines spécialités, de certains appareils d'examens médicaux. Même dans la capitale, des appareils d'examens médicaux des hôpitaux publics ne sont pas opérationnels.La santé pour tous a été, le thème de la journée mondiale de la Santé cette année. Ces témoignages, ces faits, montrent que c'est une utopie. L'organisation mondiale de la Santé (OMS) affirme, toutefois, que des efforts ont été multipliés à Madagascar, pour réduire les barrières à l'accessibilité aux soins

globaux. Effectivement, plusieurs milliers de personnes des districts éloignés ont bénéficié de soins grâce à la caravane médicale. Le Fonds d'urgence sanitaire est opérationnel dans les CHU. Il permet aux malades de bénéficier des premiers soins d'urgence, gratuitement. Ces efforts n'ont pas cependant suffit, pour que les malades retrouvent la santé, sans s'endetter. Madagascar s'est engagé depuis 2014 dans la mise en place de la Couverture Santé Universelle (CSU). Un projet pilote a démarré à Vato- mandry en 2018. L'objectif est que chaque personne ait accès à tout l'éventail des services de santé de qualité dont elle a besoin, au moment et à l'endroit où elle en a besoin, sans que cela génère pour elle des difficultés financières. En contrepartie, elle paie des cotisations. Ce projet s'est arrêté.

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