Madagascar: Messages de Pâques - Vifs sermons des chefs d'église

Le cardinal Désiré Tsarahazana et le pasteur Ammi Irako Andriamahazosoa ont adressé un message aux fidèles de leur confession respective à l'occasion de Pâques. Des messages qui résonnent de vives remontrances.

L'espoir, la victoire du bien sur le mal, la vérité, la renaissance. Ces mots sont soulignés dans les messages de Pâques du cardinal Désiré Tsarahazana, archevêque de Toamasina, et du pasteur Ammi Irako Andriamahazosoa, président de l'église réformée de Madagascar ou FJKM. Comme à chaque fois, la portée des messages ou déclarations des chefs religieux des confessions membres du Conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), vont au-delà de l'objectif de raviver la foi. Ceux de l'archevêque de Toamasina, qui est le numéro un de l'Église catholique romaine (ECAR), à Madagascar, et du président du FJKM n'y ont pas dérogé. Des messages qui traduisent un regard acerbe sur la société et appellent à un changement de comportement.

"Il n'y aura point de développement si nous ne changeons pas notre état d'esprit indiscipliné, hypocrite et le non-respect du bien commun. Tant que ce sera l'argent qui dictera

nos faits et gestes", dénonce le cardinal Tsarahazana. Une situation qu'il qualifie de "dangereuse", pour la société et dont la conséquence est "l'insécurité". Il y ajoute la corruption à tous les niveaux qui, selon ses dires, est "une rengaine désolante, mais qu'il est nécessaire de toujours rappeler".

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Faisant le rapprochement entre l'épisode biblique de la trahison de Juda en échange de 30 deniers, l'archevêque de Toamasina évoque l'échéance de la présidentielle. "Nous pourrions être tentés de trahir Jésus en achetant les personnes vulnérables, en les séduisant avec les biens matériels. J'espère que ce ne sera pas pour faire du business que les candidats se présenteront aux élections, mais réellement dans l'intention de développer notre pays, développer Madagascar", soutient-il alors.

Haro

Faisant part de son regard sur la situation nationale, Le numéro un de l'ECAR à Madagascar parle de "recul", en prenant l'exemple de la détérioration du système routier, ou encore, le réseau ferroviaire au point mort, ainsi que des aéroports et aérodromes à l'arrêt. Il concède néanmoins qu'il y a des avancées, avec l'essor de la technologie de la communication, ou encore la construction d'infrastructures telles que les hôpitaux et les écoles. Il souligne aussi le soutien de l'État aux plus vulnérables, notamment, face aux crises.

Le cardinal Tsarahazana ajoute, en effet, qu'il est tout à fait possible de développer la Grande île "dans la foi de Jésus Christ". Une manière de faire écho à l'appel martelé par le FFKM à l'endroit de ses enfants, qu'est de vivre au quotidien les préceptes de la foi chrétienne. Ceci, dans l'optique de mettre un terme à la vénalité et l'immoralité qui ronge la société. "Puisque la finalité est la victoire du bien sur le mal. Ce que l'on croit impossible se réalise", ajoute l'archevêque de Toamasina, rappelant toujours l'esprit de Pâques.

Pour le cardinal Tsarahazana, "la décentralisation et la bonne gouvernance", sont les clés du développement. Dans des mots plus imagés, et prenant en exemple des épisodes des péripéties de la Passion de Jésus-Christ, le pasteur Irako Andriamahazosoa appelle lui aussi à l'introspection et au changement de comportement. Parlant de vérité et de résurrection tendant plus vers le sens de la renaissance, les dires du président de la FJKM ont également une consonance politique, mais aussi un haro contre la trahison et la versatilité.

Le pasteur Irako Andriamahazosoa dénonce ainsi des proches qui n'hésitent pas à trahir en échange d'espèce sonnante et trébuchante, les zélés qui agissent sans réfléchir. Il dénonce aussi ceux qui se veulent leader, mais qui n'hésitent pas à se dédire à la première occasion, ou ceux qui se disent fidèles à une personne, mais détalent face aux difficultés. Le président de la FJKM fustige également les magistrats, qui comme Pilate "n'osent pas se tenir droit dans la vérité et condamne un innocent. Puis se lavent les mains afin de se défaire de ses responsabilités et son manque de courage".

Le pasteur Irako Andriamahazosoa fustige d'autres faits de société, en prenant l'exemple des leaders religieux qui ont appelé à la crucifixion du Christ, "par jalousie". Pareillement pour la population manipulée par des responsables "qui ont préféré condamner un innocent, et ont choisi un bandit". Prenant toujours l'exemple des épisodes qui ont jalonné la Passion de Jésus Christ, le président de la FJKM dénonce que les foules aujourd'hui adulent une personne et demain appellent à sa crucifixion.

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