Burkina Faso: Dématerialisation des procédures administratives - Pourvu que suivent les moyens !

Du 11 au 13 avril 2023, se sont tenues à Ouagadougou, sous la présidence du chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, les Assisses nationales sur la dématérialisation des procédures administratives au Burkina Faso. Pendant 72 heures, les acteurs de l'écosystème numérique se sont creusé les méninges pour proposer aux autorités politiques, une feuille de route pour conduire les acteurs de l'Administration publique sur la planète numérique.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était véritablement temps. Car, malgré les professions de foi et les proclamations, sur différentes tribunes, sur la modernisation de l'appareil d'Etat, les agents publics peinaient véritablement à se démarquer de l'image héritée de la colonisation du commis public toujours arcbouté sur une pile de papiers.

Et cela a son coût en termes de gaspillage de ressources humaines, matérielles et financières. L'on espère véritablement que la feuille de route adoptée au sortir des Assises nationales sur la dématérialisation des procédures administratives, permettra à la Fonction publique burkinabè d'opérer sa mue pour se mettre à l'air du temps. En tout cas, cela est devenu une nécessité vitale. Et pour cause.

La digitalisation de la planète a accéléré le rythme de la vie et donné une cadence nouvelle à la marche vers le développement. C'est pourquoi la dématérialisation des procédures administratives devrait donner plus de célérité au traitement des actes administratifs permettant de gagner en productivité et donc nécessairement en temps. Elle devrait surtout abréger la souffrance des usagers de l'administration publique.

%

Il faudrait un meilleur maillage du territoire national par la fibre optique avec un haut débit

En effet, il n'est pas rare de voir des agents de l'Etat exerçant en province abandonner postes et familles pour venir poireauter à Ouagadougou, dans d'indicibles souffrances, pour juste un acte d'avancement. L'autre grand gain de la dématérialisation des procédures administratives, c'est son impact positif dans la lutte contre la corruption. On le sait, c'est le contact physique entre les agents de l'Etat et les usagers de l'Administration qui favorise les pots-de-vin et autres dessous de table.

La dématérialisation aura pour effet de briser ce contact pour ne faire place qu'à la machine. C'est donc un gage de gouvernance vertueuse. Mais au-delà des gains en termes d'efficacité et d'efficience des offres de services publics, la dématérialisation est aussi un moyen efficace de protection de l'environnement qui souffrira moins de l'exploitation forestière pour la production du papier et de la pollution par l'émission des déchets issus des bureaux.

Cela dit, pour réussir le basculement de l'Administration dans l'ère numérique, il reste d'importants défis à relever. Le premier est celui de la modernisation des équipements informatiques dans les administrations publiques et surtout de la connexion internet et de son coût. On le sait, en effet, de vastes zones sont dépourvues de la couverture internet en raison du péril terroriste qui tente d'étrangler le pays mais aussi de la qualité même de l'offre internet faite par les opérateurs de téléphonie mobile. Il faudrait donc un meilleur maillage du territoire national par la fibre optique avec un haut débit.

Le second défi est celui de la formation des agents de l'Etat et même des usagers de l'Administration à l'utilisation des plateformes numériques. Même si l'usage de l'internet par le téléphone est largement répandu, il n'en demeure pas moins qu'il existe encore de nombreux analphabètes numériques pour lesquels les écrans informatiques demeurent des barrières infranchissables. Il faudra donc trouver les moyens d'assurer leur reconversion au digital en leur offrant des cadres d'apprentissage.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.