Madagascar: Développement durable - Une stratégie de re-mondialisation pour intégrer les pays les plus pauvres

La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 et la guerre entre l'Ukraine et la Russie ont affecté le monde entier, y inclus les pays les moins avancés comme Madagascar, sans parler des effets néfastes du changement climatique.

Cette multitude de crises ont précipité le monde vers un avenir économique profondément injuste. Selon les estimations de la Banque mondiale, plus de 90 millions de personnes sont plongées dans l'extrême pauvreté tandis que le Programme Alimentaire Mondiale prévoit que près de 350 millions de personnes pourraient être confrontées à l'insécurité alimentaire cette année. Ce qui représente le double du nombre enregistré en 2020. En outre, au lendemain de la pandémie, le chômage est plus élevé et les écarts entre les genres sont plus grands tandis que la proportion des jeunes n'ayant ni emploi ni éducation suffisante a augmenté, selon l'Organisation International du Travail.

Dans la même foulée, l'inflation, aggravée par la guerre en Ukraine, est particulièrement dramatique dans les pays à faible revenu et vulnérables, où les produits essentiels comme les denrées et l'énergie absorbent la majeure partie du budget des ménages. A titre d'illustration, Madagascar fait partie des pays affectés par cette crise étant donné que la Grande île a une forte dépendance aux importations de produits de première nécessité comme le riz. La hausse des taux d'intérêt accentue également le surendettement dans une grande partie du monde en développement, réduisant l'investissement public et privé et freinant la croissance. Pour couronner le tout, la crise climatique frappe très durement les pays qui ne sont pas résilients.

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Réinventer la mondialisation

« Mais ce n'est pas une fatalité. Si nous prenons la mise en oeuvre au niveau mondial du Programme de développement durable des Nations Unies comme baromètre des progrès accomplis, il est vrai que nous sommes sur le point d'échouer - en particulier dans le cas des pays ayant des vulnérabilités intrinsèques. Mais les gouvernements, le secteur privé et la société civile peuvent prendre aujourd'hui les décisions qui jetteront les bases du développement durable pour les générations à venir ». La directrice générale de l'Organisation Mondiale du Commerce, Ngozi Okonjo-Iweala, et le Premier ministre de la Barbade, Mia Mottley, l'ont évoqué dans un article d'opinion publié conjointement par les deux parties.

Elles ont ainsi avancé qu'une stratégie de re-mondialisation visant à intégrer les pays les plus pauvres dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, s'impose si l'on veut assurer un réel développement durable. « Les faiblesses révélées dans ces chaînes d'approvisionnement mondiales par la guerre en Ukraine et la pandémie devraient être regardées comme une possibilité de réinventer la mondialisation. Ce qui permettra d'aider les pays les plus vulnérables et les communautés laissés pour compte au cours des dernières décennies à utiliser le commerce comme moyen de réaliser leurs aspirations en matière de développement durable », selon leurs dires.

Initiative de Bridgetown

Pour ce faire, « Nous avons besoin d'une stratégie de transformation mondiale qui fonctionne pour tous, une stratégie axée sur la transition énergétique, la crise climatique et le financement du développement, qui place les personnes au centre de l'action. Une stratégie industrielle et une stratégie de croissance justes qui découplent la croissance économique de la dégradation de l'environnement, est également de mise. Le commerce international pourra ainsi jouer un rôle essentiel sur la création d'emplois décents et de la valeur ajoutée tout en augmentant la résilience des pays.

Au coeur de cette mondialisation repensée, l'idée est d'intégrer de nombreux pays dans des réseaux bien moins concentrés pour la production de biens et de services. En outre, attirer un plus grand nombre de petites et moyennes entreprises détenues par des femmes dans ces réseaux de production apporterait des avantages socio-économiques multiples. L'accès au financement à des conditions pérennes et peu coûteuses est également indispensable pour créer une économie mondiale plus durable et inclusive », a enchaîné la directrice générale de l'OMC.

Par ailleurs, le Premier ministre barbadien a présenté l'Initiative de Bridgetown qui consiste à une réévaluation de l'architecture financière mondiale actuelle afin de diriger les ressources financières multilatérales et privées vers l'atténuation du changement climatique et la résilience.

La mise en oeuvre de cette initiative pourrait être très utile pour répondre aux besoins des pays en développement en matière de financement de l'action climatique et contribuer par la suite à l'atteinte des Objectifs de développement durable, a-t-on conclu.

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