Seychelles: PNQ sur les arrivées touristiques - Les Seychelles et Maldives meilleurs élèves que Maurice, dixit XLD

La PNQ du leader de l'opposition à l'Assemblée nationale hier était destinée au ministre du Tourisme. Elle tournait autour des arrivées touristiques et des prévisions pour l'année financière 2022-23. Xavier-Luc Duval a mis en exergue le retard de Maurice sur les îles voisines concurrentes. Mais le ministre ne semblait pas être sur la même longueur d'onde...

«Pourquoi les arrivées touristiques de l'année financière 2022-23 sont en deçà des prévisions des 1,4 million de touristes annoncés dans le dernier Budget ?» C'est la question à laquelle le Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, a dû répondre lors de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval (XLD), hier. Dans sa réponse, le ministre a commencé à faire un bond dans le passé mettant en avant l'impact du Covid-19 sur le secteur du tourisme. Ce qui n'a pas plu à XLD, qui estime qu'il n'y avait aucune raison de ressasser le passé mais plutôt d'expliquer les raisons actuelles menant au déclin des arrivées touristiques, 18 mois après la réouverture des frontières.

Steven Obeegadoo estime que des mesures prises durant la période pandémique pour le secteur du tourisme ont permis de sauver le tourisme local. «Si l'on ne l'avait pas fait, on ne parlerait pas de Rs 1,4 million de touristes, mais de 50 000.» Concernant les 1,4 million de touristes, le ministre fait ressortir que c'est l'objectif de l'année financière 2022- 23 mais qu'il reste «un objectif très ambitieux car le taux de récupération est incertain». Il associe cela à la demande des marchés principaux et à la connectivité. Citant, comme exemple, l'Inde qui a ouvert ses frontières en mars 2020, la Chine début 2023 et le marché sud-africain affecté par le cyclone Freddy en février qui a eu une progression «en dents de scie».

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Depuis le dernier Budget, il y a eu une évolution dans le taux de récupération. Pour 2022, le pays a accueilli 997 300 touristes et 305 200 pour le premier trimestre de 2023, soit 87 % de récupération. Ce qui fait que pour l'année fiscale, 926 000 touristes ont débarqué, soit un taux de récupération de 84 %. Mais le plus important, explique Steven Obeegadoo, ce sont les recettes touristiques et la durée de séjour des touristes, comme il l'a expliqué dans une conférence de presse, mercredi 12 avril. «2019/2022 nous avions 28 % moins de touristes, mais concernant les revenus, nous sommes à seulement 17 % moins. Ce qui signifie que nous faisons bien mieux en termes de recettes touristiques. Presque $ 1,5 M pour 2022.»

À l'heure des questions supplémentaires, XLD a comparé notre performance touristique avec nos îles concurrentes. Selon les chiffres qu'il a avancés, les Maldives sont à 108 % et les Seychelles à 132 % pour le premier trimestre de 2023, soit 32 % plus de touristes pour ce dernier. «Nous étions le leader du marché, nous nous retrouvons à la troisième place. Pourquoi les Seychelles et les Maldives font mieux que nous ? Nous sommes le dernier cheval d'une course à trois», a ironisé le leader de l'opposition.

Dans sa réplique, Steven Obeegadoo a maintenu que ni les Seychelles, ni les Maldives n'ont fermé leurs frontières aussi longtemps que Maurice l'a fait pendant la pandémie. Citant des chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur une population de 100 000, les Seychelles ont enregistré 46 505 cas de Covid-19, contre 3 161 à Maurice. En termes de décès, les Seychelles étaient à 170, contre 80 à Maurice. Mais XLD doute de ces chiffres «erronés» qu'il affirme avoir été «falsifiés». Ce qu'a démenti le ministre en pointant que ces chiffres ont été vérifiés et utilisés par l'OMS, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

En conférence de presse après la PNQ, XLD a mis encore une fois l'accent sur la performance de ces deux destinations comparées à Maurice. «Nous sommes 13 % en dessous. Il faut expliquer pourquoi. Covid ki sannla pu aval sa? 18 mois de cela nous avons ouvert les frontières, nous n'atteindrons pas les 1,4 million de touristes en juin.» Pour lui, c'est une fausse promesse car les arrivées touristiques se chiffreront à 1,2 million, soit 200 000 en moins. «Les Seychelles et les Maldives pé bat tou rékor. Nous étions le leader incontesté dans l'océan Indien.» Donnant la réplique au ministre du Tourisme sur les recettes touristiques, que les revenus par touriste ont augmenté de 18 %, XLD explique qu'en 2023, avec moins de touristes, il y a moins de revenus qu'en 2019 car la valeur de l'argent baisse chaque année que ce soit en roupies ou en dollars.

Autre raison d'un déclin, avance XLD, c'est le budget alloué à la MTPA pour faire la promotion de Maurice. Selon lui, il est passé de 14 millions d'euros, il y a 5-6 ans, pour atteindre les 8 millions d'euros. «6 millions d'euros in real terms. La MTPA possède la moitié de son budget. Où va l'argent ?» Il explique que le budget qui aurait dû être utilisé pour la promotion de la destination, Rs 130 millions de plus pour un contrat de Rs 400 millions d'une durée de trois ans et du Film Rebate Scheme au coût de Rs 321 millions pour 2020- 21. «C'est un manque de vision, une mauvaise stratégie marketing. Le produit se détériore considérablement. La MTPA est amoindrie. Depuis cinq ans on annonce un rebranding».

Mais pour le ministre du Tourisme, les fonds utilisés par la MTPA sont utilisés de manière efficace et efficiente pour la promotion de Maurice.

Ambiance: les élus de la majorité assurent l'animation

Contrairement à la séance de la semaine dernière, les députés du gouvernement, dans leur majorité, ont fait bloc derrière leur Premier ministre, Pravind Jugnauth, et par ricochet, derrière Maneesh Gobin sur qui pèsent des allégations de corruption. Bobby Hurreeram et Subashnee Luchmun-Roy ont été les plus bruyants. La question du député travailliste Patrick Assirvaden sur les allégations de corruption contre le ministre Gobin a été à l'origine de différents accrochages entre l'opposition et le gouvernement. Patrick Assirvaden a tenté de garder son calme malgré les réponses du Premier ministre.

Le chef du gouvernement n'a pas cessé de réclamer du député des preuves en sa possession pour faire des allégations contre Maneesh Gobin. Ne se laissant pas intimider, l'élu du PTr lui a répondu : «Le PM lui-même a dit qu'il cassera les reins des barons de la drogue...» À peine sa phrase entamée, Pravind Jugnauth a jeté un regard vers le speaker. Finalement, Alan Ganoo a soulevé un point de droit en brandissant les standing orders, insistant auprès de Sooroojdev Phokeer pour qu'il ne tolère pas une telle allégation. Pour une énième fois, le speaker a demandé à Patrick Assirvaden de ne pas faire d'allégations, mais de poser des questions directes. «Pa pe konpran enn f...» a laissé échapper un député assis dans les rangées derrière Anwar Husnoo et Leela Devi Dookun-Luchoomun. Entre-temps, Maneesh Gobin faisait des gestes pour protester, mais sans faire entendre sa voix. Kavi Ramano devait pour sa part lancer à l'égard de Patrick Assirvaden : «Li vinn parlman pou fer show.»

Quand Pravind Jugnauth a fait référence à une déclaration antérieure de Navin Ramgoolam pour défier le député du PTr de présenter des preuves contre l'Attorney General, l'élu de l'opposition a réagi. «Patrick Assirvaden n'est pas le Premier ministre», a rétorqué le député. Subhasnee Luchmun-Roy devait alors intervenir une nouvelle fois en criant, «Kot to prev?» Pour sa part, Bobby Hurreeram a ajouté : «Aret fer palab», pour plus tard lancer le mot «bouffon.» Quand Xavier-Luc Duval a tenté de poser une question sur le même sujet en rappelant que la stag party avait eu lieu pendant une période de restrictions sanitaires, plusieurs élus du gouvernement ont fait des commentaires, mais pas audibles. «Posez votre question. La population vous regarde», a déclaré le speaker. Le leader de l'opposition lui a répondu : «Elle vous regarde aussi.»

Peu après, Sooroojdev Phokeer n'a pas permis d'autres questions sur ce sujet. Arianne Navarre-Marie, dont la question était juste après, a été surprise d'apprendre qu'elle ne pourrait pas poser sa question sur le rapport publié par les États-Unis sur les droits humains alors que le speaker a passé la parole à Buisson Léopold. «J'avais une question. Je dois poser ma question», a-t-elle protesté auprès de Soorojdev Phokeer. Dans une déclaration à l'express, la députée nous a affirmé que l'interpellation a été transférée à un ministre au lieu que le Premier ministre y réponde, mais que personne ne l'avait informée du changement.

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