Afrique: L'Union européenne durcit ses règles contre la déforestation

Le Parlement européen a voté à une grande majorité en faveur d'une loi qui interdit l'importation de produits issus de la déforestation.

Actuellement, l'Union européenne est à l'origine de 16% de la destruction de forêts sur la planète. Avec ce texte, la Commission va pouvoir classer les pays d'origine selon un risque faible ou élevé. Les défenseurs de l'environnement saluent cette avancée mais ils jugent la nouvelle règlementation encore insuffisante.

Ce qui est prévu

Le texte adopté par le Parlement européen prévoit que les importateurs de produits tels que le caoutchouc, le bois, le soja, l'huile de palme, le café ou le cacao, et qui veulent vendre ces produits dans l'Union européenne, devront s'assurer qu'ils ne sont pas issus de la déforestation.

Le nouveau texte précise que les produits concernés, parmi lesquels se trouvent également le charbon de bois ou la viande bovine, mais aussi les produits dérivés d'eux, seront interdits à l'importation s'ils proviennent de terres déboisées après décembre 2020.

Les entreprises devront fournir des données de géolocalisation précises pour situer les zones de provenance, des tests ADN et une surveillance par satellite sont également prévues.

D'autres règles contraignantes s'ajoutent pour les entreprises sur les conditions de production qui devront respecter les droits humains et les droits des populations autochtones.

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Des amendes sont prévues pour les contrevenants.

Il s'agit d'"un accord historique" pour le Commissaire européen à l'Environnement, Virginljus Sinkevicius qui résume les avancées en ces termes : " [Cet accord] interdit l'importation de produits provenant de zones déboisées ce qui, dans l'Union européenne, ne se fait plus depuis longtemps. Mais dans d'autres parties du monde, ces pratiques continuent, malheureusement, et même, elles s'aggravent."

Le "oui mais" des défenseurs de l'environnement

Sena Alouka, président de l'organisation des Jeunes volontaires pour l'environnement, au Togo, salue le texte au terme de "dix mois d'une rude bataille".

Il espère que cette prise de conscience européenne fera des émules, à condition toutefois que soient réellement mis en place des dispositifs efficaces de suivi et d'évaluation et se demande "comment s'assurer que les zones sur lesquelles nous aimerions que la loi soit élargie puissent être prises en compte dans le cadre des trois possibilités de révision du texte qui sont prévues dans les années à venir. Notamment dire que tout ce qui est produit dans les mangroves, les zones de montagne ou les zones humides soit pris en compte dans le cadre de cette loi."

Ecoutez ci-contre l'interview avec Sena Alouka

Les écologistes et défenseurs de l'environnement comme Sena Alouka réclament également des mesures d'accompagnement des producteurs et éleveurs qui devront modifier leurs pratiques dans les pays d'origine. Et que soient également ciblées les banques européennes qui financent des projets à l'origine de la déforestation.

Par ailleurs, au-delà de l'agriculture, les industries extractives ou encore la construction de routes sont elles aussi responsables de la déforestation mais elles ne sont pas concernées par ce nouveau texte.

Les ministres européens de l'Environnement, réunis à Stockholm, ont quant à eux décidé hier [19.04.23] de promouvoir l'économie circulaire, c'est-à-dire une économie qui limite la consommation de biens, évite le gaspillage des ressources et la production de déchets. Ils entendent se doter de législations qui encouragent les entreprises à adapter leurs activités afin de favoriser, par exemple, le recyclage.

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