Afrique du Nord: Comment des Tunisois se cultivent et se divertissent le soir durant le ramadan

Durant le ramadan, les Tunisiens profitent de la pause après la rupture du jeûne pour se divertir et se ressourcer culturellement. Illustration durant une soirée littéraire organisée à la librairie Al Kitab, dans le quartier de Mutuelleville à Tunis. Reportage.

Alors que le mois de Ramadan touche à sa fin avec la célébration du premier jour de l'Aïd ce 21 avril 2023, pour beaucoup de Tunisiens, le mois d'abstinence et de spiritualité est aussi l'occasion de se ressourcer culturellement. Concerts, sorties dans la Medina, parties de jeux de cartes : les Tunisiens profitent de la pause après la rupture du jeûne pour se divertir.

Des espaces comme la librairie Al Kitab, dans le quartier de Mutuelleville à Tunis, capitalisent sur ces soirées pour drainer du public et créer du débat, comme lors de rencontres littéraires.

Dans son ambiance feutrée, il est déjà 21h30 passée. Mais la soirée commence à peine pour la dizaine de personnes réunies.

Ce soir-là, l'espace organise un débat autour de la littérature tunisienne francophone avec quatre auteurs de la maison d'éditions Demeter.

« Je n'avais pas l'habitude d'assister à un débat pendant le mois de ramadan »

Rayen Ghribi, 23 ans, prépare l'agrégation de français. Il est venu se détendre. « Ce qui m'a intéressé par-dessus tout, c'est l'interaction et l'échange qu'on a eu, qui était très enrichissant, souligne-t-il. Je n'ai pas l'habitude d'assister à un débat pendant le mois de ramadan mais je pense qu'on devrait peut-être changer un peu d'habitude et profiter pleinement ».

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Diallo, étudiant guinéen en informatique de gestion, pose des questions aux auteurs : « Est-ce qu'il vous arrive, vous les écrivains - la voix des sans voix comme on le dit dans mon pays -, est-ce qu'il vous arrive d'être mélancoliques et de pouvoir exprimer cela ? »

Diallo est venu écouter des auteurs tunisiens qu'il a découvert lors de son arrivée en Tunisie il y a deux ans. « Vraiment, ça m'a fasciné parce que j'étais habitué à la littérature noire africaine que je connaissais beaucoup et donc il fallait une nouvelle ouverture vers un autre monde », explique-t-il.

Des causeries ramadanesques aux débats sur la résilience ou le féminisme, en passant par des séances dédicaces : de nombreux sujets ont été abordés pendant ce mois saint, sans tabou ni censure. Nous avons déjà une nouvelle constitution, une ambiance très tendue sur le plan politique, avec des menaces sérieuses sur les libertés et les droits.

On s'est dit que, indépendamment de l'ambiance, indépendamment de ce qu'il se passe, c'est bien que les enfants soient sensibilisés à des droits qui existent déjà ou du moins qui sont formulés. On a choisi trois autrices. Pour une autrice, elle a proposé de travailler sur les droits des enfants dans le spectre de l'autisme. Une autre autrice a présenté l'idée de la diversité. Il y a aussi une autrice qui a mis l'accent sur l'exploitation économique des enfants.

Les soirées ramadanesques en général, avant même qu'il y ait les médias, la télé et les feuilletons actuellement - et plus récemment les réseaux sociaux - c'étaient des soirées aussi là où les gens parlaient, sortaient dans les cafés. Là où il y a la tradition du conteur donc, ce sont des moments aussi où il y a cette tradition de sortir, débattre et de parler.

Wahid Ferchichi, professeur de droit et membre fondateur de l'Association tunisienne de défense des libertés individuelles, sur une soirée pour les enfants organisée autour de l'ouvrage collectif «Raconte-moi mes libertés»:

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