Afrique: Au bazar d'options d'alliances électorales

Il n'est pas nécessaire d'écouter Justin Bieber pour mettre à l'épreuve la véracité de l'expression «Never say Never».

Jamais never dans le domaine de la politique à Maurice et dans le jeu des alliances électorales. Où verrait-on, sinon à Maurice, un dirigeant partager un morceau de gâteau d'anniversaire avec un adversaire politique ? Plus beau geste de fraternité et de tendresse d'homme à homme que ça, tu meurs. Pourtant quelques heures après cette séance gâteau, l'homme partit sceller une alliance politique avec un autre adversaire.

Maintenant qu'une alliance entre les Travaillistes, le MMM et le PMSD semble devenue problématique, en l'absence d'un parti politique pouvant prétendre gagner les élections seul, on pourrait envisager différentes options d'alliance.

Quelles seraient ces options ? Commençons par le MSM, principal parti au pouvoir. Le MSM ne pourrait que se réjouir en voyant que le PTr, le MMM et le PMSD soient dans l'incapacité de tenir un meeting du 1er-Mai ensemble. Pourraient-ils diriger le pays ensemble ? Les divisions de l'opposition ne pourraient que réconforter le MSM dans ses prétentions de pouvoir remporter les prochaines élections générales et rester au pouvoir jusqu'en 2029 et même jusqu'en 2034.

Puisque le MSM se retrouverait théoriquement privé du soutien des divisionnistes tels qu'Ivan Collendavelloo et Jocelyn Grégoire, ce parti serait tenté de jouer l'option PMSD ou même MMM. Le fonds de commerce de Grégoire a été démoli par les récentes prises de position de l'Eglise. Si le PMSD reste un allié potentiel et amenable, le prix réclamé par le MMM pourrait pousser Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) au suicide politique.

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En termes d'options, le MMM est assuré à ce stade du soutien du PMSD et de Nando Bodha. Le MMM serait-il prêt à présenter Joanna Bérenger comme futur Premier ministre ? C'est une option à prendre au sérieux si le MMM serait capable de tirer avantage de la polarisation que semblent nourrir les prises de position de l'Eglise et d'autres mouvements encore. Les perspectives de marketing au niveau de l'empowerment des femmes mauriciennes seraient aussi très intéressantes avec l'option Joanna.

Si le MMM ne s'intéresserait pas à s'engager dans cette voie, il reste toujours l'option Nando Bodha. On peut comprendre pourquoi Paul Bérenger garde au chaud ce makatia-koko. Pour le PMSD, toutes les options sont ouvertes sauf celle d'aller seul aux élections. Ce qui compte, c'est le contrôle éventuel sur les Finances et le Tourisme.

Les Travaillistes disposent de plusieurs options. Une alliance PTr-MMM-PMSD serait vendable aussi longtemps que Navin Ramgoolam est perçu comme le chef incontestable. Il serait un Premier ministre sans partage de pouvoir. Qu'on ne conteste pas son quota de tickets et de ministères. Et qu'on ne compromette pas un meeting du 1er-Mai en insistant que Xavier Duval - comme leader officiel de l'opposition ! - soit le dernier orateur. Or dans les traditions politiques mauriciennes, c'est le grand leader qui prend la parole en dernier. On n'«arrache pas le micro» de Navin Ramgoolam pour le confier à Duval.

Faute d'une alliance rouge-mauvebleue, Navin Ramgoolam serait assuré du soutien du PMSD comme en 2019. Les partisans travaillistes acceptent volontiers des arrangements avec les Bleus. Une alliance avec Bruneau Laurette reste dans le domaine des possibilités. Si théoriquement Laurette serait d'un apport certain pour Navin Ramgoolam, cela n'empêcherait pas au MSM de jouer sur des bas instincts communaux pour alimenter une certaine campagne.

Qu'en est-il d'une alliance éventuelle entre le Labour et le MSM ? Vu le degré d'animosité personnelle entre Navin Ramgoolam et PKJ, une telle possibilité pourrait défier le dicton Never say Never. Après tout, Navin Ramgoolam, dit-on, serait loin d'être aussi accommodant que Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR). Vraiment ? En 1983, SSR avait pourtant accepté de jouer 'junior' pour soutenir Anerood Jugnauth. Sinon le PTr et le MSM, les deux auraient été engloutis par le MMM. Navin Ramgoolam et les Jugnauth s'étaient alliés en 2008/09 pour assurer la victoire de PKJ à l'élection partielle dans le no 8. Et en 2010, le MSM joua au junior avec Navin Ramgoolam. Dans tous les scénarios, l'instinct de survie avait primé. Toujours face à un ennemi commun.

En tirant des leçons de ces arrangements entre les Travaillistes et les Jugnauth, il ne faudrait pas trop miser chez les bookmakers sur un scénario où une formidable force soutenue par les puissants vested interests traditionnels serait capable de profiter de la division des votes dans les électorats mutuellement hostiles - du moins en théorie - du Labour et du MSM pour prendre le pouvoir.

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