Afrique de l'Est: Sauver le Soudan

Le maréchal libyen, Khalifa Haftar

C'est, l'on peut dire, une affaire de généraux. Alliés lors de l'éviction en 2019 de leur ancien chef, le général Omar Hassan El Béchir, deux des plus hauts gradés de l'armée soudaine ont mis leurs hommes sur le terrain, le 15 avril. Pas pour défendre leur pays contre une agression extérieure, mais pour se tirer dessus au nom de la conquête ou de la conservation du pouvoir.

Cet exercice qu'ils expérimentent depuis cinq ans - les démêlés avec le Premier ministre civil, Abdallah Hamdok, contraint à la démission à deux reprises avant d'être définitivement écarté du pouvoir de transition en témoignent - les a aguerris au combat. C'est ainsi qu'ils se sont, en quelque sorte, neutralisés, ne trouvant ni de vainqueur ni de vaincu après plusieurs jours d'échange de tirs dans Khartoum, la capitale, et dans d'autres localités du pays.

Comme cela est souvent le cas, dans ce genre d'échauffourées meurtrières, ce sont les civils qui en payent le plus lourd tribut. Près de quatre cents morts et des milliers de blessés, tel est l'effrayant bilan des violences occasionnées par la rupture de confiance entre le général Adel Fattah al-Burhan, président du Conseil de transition, chef de l'Etat, et son jusqu'à récemment, très proche adjoint, le général Mohamed Hamdan Dogolo.

Condamnant fortement ces violences, les Nations unies et tous les partenaires du Soudan appellent les belligérants au calme. Mais peut-être qu'il faut encore davantage pour amener les deux dirigeants à abandonner la logique de la confrontation et songer à conduire leur pays vers l'avènement d'un pouvoir civil. Les élections étant prévues en principe l'année prochaine, la question se pose à présent de savoir si cette guerre des « chefs » ne va pas empiéter sur le calendrier du retour des militaires dans les casernes.

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Car tant que le régime d'exception en place se pérennise, le malaise subsistera. Il est primordial que les pays jouissant d'une certaine influence sur les militaires de Khartoum, qu'ils soient africains, moyen-orientaux, asiatiques, européens ou occidentaux - et ils peuvent être nombreux- pèsent de tout leur poids pour aider le Soudan à ne pas sombrer dans un conflit intérieur fratricide. Comme nombre de ses voisins, ce pays n'a déjà pas une histoire pavée d'éloges pacifiques.

Il faut sauver le Soudan et son peuple en priant instamment les généraux d'oeuvrer à la réconciliation nationale. Ils détiennent le pouvoir, mais ont aussi la responsabilité et l'obligation de ne pas trahir.

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