Ile Maurice: Zeitgeist*

Par groupes de cinq, une vingtaine de collégiens nous ont approchés, ces derniers jours, pour nous interroger, souvent de manière candide et directe, sur la presse mauricienne et les sempiternelles relations conflictuelles avec le pouvoir. Cela dans le cadre d'un concours, organisé, entre autres, par la fondation Omnicane pour marquer les 250 ans de la presse mauricienne - qui coïncident, cette année, avec les 60 ans de l'express, qu'on célébrera le 27 avril.

Ces jeunes ne sont ni paléontologues, encore moins géodynamiciens, mais ils ne peuvent pas passer sous silence un fait : l'incroyable longévité d'un «groupe de dinosaures» à la tête des principaux partis politiques.

«Pourquoi l'âge de la retraite ne sonne pas pour eux, alors que comme Macron en France, ils décident de la retraite des autres.» Quand les vieux évitent d'évoquer leur âge, les jeunes, avouent-ils, se sentent coincés, car ils doivent subir la dictature des vieux, souvent en déphasage avec la vie moderne et la vision des adolescents.

Nos jeunes ne comprennent pas pourquoi la MBC reste une machine à propagande infecte, et que des membres de la rédaction de la MBC se prennent pour des journalistes, alors que leur job est de polir les chaussures des ministres, en faisant attention de ne jamais jeter un regard critique sur leurs propos. Pourquoi, s'enquièrent-ils, n'avons-nous toujours pas de Freedom of Information Act ? Pourquoi les élus veulentils contrôler les réseaux sociaux et asphyxier la presse libre et indépendante qui est boycottée et malmenée, alors que les politiciens les convoitent quand ils sont en campagne électorale...

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L'express, 60 ans déjà, quelle histoire ! Qui fait l'objet d'un livre souvenir : Le récit d'un journal (et celui d'un pays), dont les grandes lignes vous seront dévoilées dans notre édition du jeudi 27 avril.

Si bien des articles, ouvrages, travaux universitaires et livres commémoratifs ont jalonné le parcours de l'express depuis sa naissance, c'est bien la première fois que le récit de notre journal réunit, en si bonne intelligence, différentes personnes et plumes qui ont façonné le produit qui a traversé les six dernières décennies. Comme un travail de journalistes, sur notre façon de concevoir le journalisme, et partant, l'express - qui a évolué au fil du temps et des transformations technologiques et sociétales.

60 ans après, plus de 21 000 éditions plus tard, alors que la vie numérique et les smartphones bouleversent les manières de produire et de consommer l'information, le souvenir du moment fondateur reste d'une étonnante modernité. Pour une raison simple : l'express, au début des années 60 du siècle dernier, comme en ce début du XXIe siècle, doit encore et toujours faire le choix entre des possibles et des impossibles. Tous les jours nous faisons le choix de publier ou de ne pas publier - puisque tout publier relève du fantasme de ceux qui n'ont jamais été aux fourneaux, dans la cuisine d'un quotidien national qui ne s'arrête jamais. C'est pour cela que, contrairement aux politiciens - et aux humains - qui passent, on ne peut considérer la question de l'identité d'un journal comme le nôtre comme définitivement figée.

Emmanuel Macron a annoncé, jeudi, «entre 100 et 230 euros par mois» d'augmentation pour tous les enseignants. Objectif : tenter de remonter le moral de ces derniers, qui rejettent, pour la plupart, son plan de retraite à 64 ans. Ainsi, il a mis en avant le «pacte enseignant», par lequel les profs se voient proposer des missions novatrices en échange d'une rémunération supplémentaire. «J'assume ce choix d'un investissement un peu différencié pour ceux qui font des efforts supplémentaires et systématiques», a-t-il déclaré, pour booster la productivité et rétablir les ponts. Le climat social, cependant, ne permet pas d'en débattre de manière saine. Macron a déjà épuisé le capital de confiance. Tout l'argent du monde ne saura suffire pour réparer les liens entre les partenaires sociaux. Sur les Champs-Élysées, souffle un air d'un temps révolu, celui entourant la fin d'un quinquennat...

* Zeitgeist : esprit du temps

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