Afrique: Coopération - Le modèle économique et militaire rwandais fascine-t-il des Etats africains ?

Les changements majeurs opérés au Rwanda depuis près de trente ans, notamment sur les plans économique, social, culturel et militaire semblent captiver un certain nombre de dirigeants africains.

Le sentiment est ouvertement exprimé par quelques gouvernements, et tout dernièrement par ceux du Bénin, de la Guinée Conakry et de la Guinée-Bissau, trois pays visités en ce mois d'avril par le président rwandais, même si son pays est accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23 à l'Est de la République démocratique du Congo.

Le maître mot qui revenait souvent dans les échanges entre l'actuel président rwandais, Paul Kagame, et ses homologues guinéen, Mamadi Doumbouya; bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo; et béninois, Patrice Talon, est connu : « Le modèle rwandais ». Ce qui ne surprend guère puisqu'en Afrique de l'Ouest comme dans d'autres parties du continent africain, les bruits qui courent au sujet des avancées enregistrées par Kigali en matière de sécurité, mais aussi pour aller vers le développement, font que tous voudraient suivre ce rare exemple.

Le chef de la junte guinéenne, par exemple, a dit vouloir à tout prix s'inspirer du « modèle » du Rwanda. « Du génocide de 1994 à la réunification du pays, le Rwanda a su se relever, s'assumer et se reconstruire avant de s'affirmer comme une référence africaine. C'est en cela que le modèle rwandais fascine le colonel président Mamadi Doumbouya », a indiqué la présidence guinéenne dans un communiqué.

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« Refonder profondément la Guinée tout en l'inscrivant sur la voie de la réconciliation nationale, de l'autonomie et de l'émergence, tel est le véritable challenge du président Mamadi Doumbouya », ajoute la même source, qui voudrait montrer que la visite de Paul Kagame va servir de déclencheur aux visées économiques et sécuritaires de Conakry. Pour lier l'utile à l'agréable, les deux dirigeants se sont engagés à renforcer les relations bilatérales et « créer un pont » entre les capitales rwandaise et guinéenne. Le chef de l'Etat rwandais a exprimé sa volonté de travailler avec Conakry dans le cadre d'une coopération ouverte. Il a également dit « souhaiter accueillir très prochainement » son homologue guinéen au Rwanda.

Outre la Guinée, le gouvernement béninois estime que la coopération bilatérale avec le Rwanda va être bénéfique aux deux parties. Parmi les champs d'action de ce partenariat figurent les questions sécuritaires qui ont dominé les échanges entre les délégations rwandaise et béninoise. Le numéro un rwandais a promis un soutien militaire au Bénin face aux djihadistes débordant sur sa frontière Nord, depuis le Burkina Faso.

Paul Kagame honoré de la plus haute distinction bissau-guinéenne

S'agissant toujours des relations entre Kigali et Porto-Novo, le gouvernement béninois avait annoncé, l'an dernier, être en pourparlers au sujet d'une coopération militaire et logistique avec le Rwanda, dont les troupes ont déjà été déployées par ce pays pour combattre des insurrections au Mozambique et en République centrafricaine.

Le soutien militaire du Rwanda est on ne peut plus assuré. « Nous sommes prêts à travailler avec le Bénin pour prévenir tout ce qui peut se produire dans la zone autour de ses frontières », a réaffirmé le président rwandais. « Il n'y aura pas de limite » dans ce qui « sera accompli ensemble pour les défis sécuritaires qui s'imposent », a-t-il répété, lors d'une conférence de presse avec son homologue béninois, Patrice Talon.

De son côté, le chef de l'Etat béninois a indiqué que la coopération bilatérale en matière de sécurité porterait notamment sur « l'encadrement, le coaching, la formation et le déploiement conjoint » de troupes. Estimant que « l'armée rwandaise a de l'expérience et est aguerrie » pour être intervenue dans plusieurs pays, Patrice Talon a déclaré : « Nous irons le plus loin possible si c'est nécessaire parce que le Bénin est confronté à l'insécurité qui descend du Sahel ». « La menace est réelle au Nord du Bénin », a-t-il reconnu.

En Guinée-Bissau, le rapprochement entre Bissau et Kigali est salué aussi bien par le peuple que par le gouvernement. Le président Umaro Sissoco Embalo s'en est réjoui, rappelant que lors de sa visite au Rwanda, en mars 2022, les deux pays avaient signé plusieurs accords, notamment sur le tourisme, le commerce et l'éducation. La récente tournée Ouest-africaine de Paul Kagame a été l'occasion pour les dirigeants rwandais et bissau-guinéen de réaffirmer leur volonté de renforcer la coopération bilatérale en paraphant un nouvel accord sur la suppression des visas entre leurs pays. Et pour mettre le comble à leurs désirs de renforcer l'axe Kigali-Bissau, la médaille d'Amilcar Cabral, la plus haute distinction du pays, a été attribuée à Paul Kagame, par son homologue bissau-guinéen.

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