Ile Maurice: L'express 60 ans│ 1981 - une année de tumultes

Tant sur les plans politique, éducatif, social que climatique, l'année 1981 entraîna divers rebondissements. Des tête-à-tête de sir Seewoosagur Ramgoolam, alors Premier ministre, prévus avec des dirigeants étrangers à sa maladie, aux fuites des examens de Cambridge, en passant par la dissolution du Parlement et les affrontements entre policiers et Îloises, Maurice est aussi passée par bien des cyclones.

Marmite politique en ébullition

Rencontres au sommet : l'année 1981 démarrait sur les chapeaux de roue pour sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR). Comme annoncé par l'express, le 6 janvier 1981, le chef du gouvernement d'alors devait rencontrer la Reine Elizabeth II, Margaret Thatcher, Première ministre britannique, Ronald Reagan, président des États-Unis, et Valéry Giscard d'Estaing, président de la République française. Si, à l'international, les relations bilatérales s'activaient, sur le plan local, des secousses politiques étaient ressenties. Le 23 janvier 1981, Paul Bérenger, leader du Mouvement militant mauricien (MMM), contracta une alliance avec Harish Boodhoo et son Parti socialiste mauricien (PSM).

Sur le terrain politique, une autre figure emblématique gagnait en popularité : sir Gaëtan Duval (SGD). Comme souligné par l'express, le 14 mars 1981, le leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) avait sollicité une aide financière de Rs 360 millions auprès du Parti républicain de Ronald Reagan pour Maurice. Le 18 mai 1981, ce dernier était accueilli en triomphe par une manifestation de sympathisants, venus célébrer sa nomination à la tête de la commission administrative de Port-Louis. Sur cette lancée, le 18 juin 1981, SGD évoquait dans nos colonnes, son souhait d'occuper le «fauteuil du ministre de la Justice», et ce, même pour un mois.

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Un mois plus tard exactement, un autre tumulte survenait dans l'arène politique. L'express annonça, le 18 juillet 1981, que SSR, également leader du Parti travailliste à l'époque, était souffrant et pourrait subir une intervention chirurgicale à Londres. Et le 18 décembre cette fois-ci (décidément, le chiffre 18 est révélateur de l'année 1981), c'était l'annonce de la dissolution du Parlement dans le journal. Celle-ci avait été faite par sir Dayendranath Burrenchobay, alors gouverneur général. La faction MMM-PSM remporta, d'ailleurs, 60 des 66 sièges aux élections législatives qui avaient finalement eu lieu le 11 juin 1982.

Tensions dans l'éducation

Deux événements majeurs dominaient l'actualité éducative en 1981. Le mercredi 4 février 1981, l'express faisait état d'un accord entre l'Union of Private Secondary Education Employees et l'État suite au licenciement d'enseignants par le collège Stratford. La nomination d'une commission d'enquête pour évaluer ce problème et l'accommodation provisoire d'une partie des élèves et des éducateurs au collège Eden étaient également entérinées. Le ministre de l'Éducation, Kher Jagatsingh, avait expliqué ne pouvoir intervenir puisqu'il s'agissait d'un conflit industriel. Hélas, au fil des années, ce collège fut sujet à d'autres problèmes et ferma ses portes en 2001.

Outre l'affaire Stratford, Maurice fut aux prises à un autre scandale - la fuite des examens de Cambridge, à partir du 6 novembre 1981. En une, l'express titrait sur le fait qu'un «questionnaire d'anglais (Part I)» pour le School Certificate (SC) était «vendu à Rs 500». Et dans deux institutions, le questionnaire de mathématiques était vendu à Rs 1 000. L'express s'était d'ailleurs procuré un exemplaire pour l'anglais «sans difficulté». Par conséquent, les épreuves avaient été suspendues, le temps des investigations sur l'origine des fuites.

Le 13 novembre, l'express eut aussi en sa possession l'original du questionnaire de comptabilité pour le SC. Selon son édition du 28 novembre 1981, une commission d'enquête avait été constituée. Parallèlement, Cambridge envoya de nouveaux questionnaires par la suite ainsi qu'un officier à Maurice pour s'assurer du bon déroulement des examens.

Tempêtes à profusion

Elles se nommaient Florine, Helyette, Johanne et Lisa. Et elles firent la pluie... et certainement pas le beau temps, dès les premiers mois de 1981. Ainsi, dès le 5 janvier, Maurice était sous l'influence du cyclone Florine dont les rafales atteignaient les 137 km/h. Le 31 janvier, la dépression tropicale était passée au sud de Rodrigues avant d'atteindre Maurice, le lendemain, ainsi que le sud-est de La Réunion par la suite. La plus forte rafale, de l'ordre de 121 km/h, fut enregistrée à Fort-William à Maurice. Le 6 mars 1981, la forte tempête tropicale Johanne traversait à mi-chemin entre Maurice et La Réunion. Des rafales de 124 km/h étaient répertoriées à Mon-Désert-Alma.

En avril 1981, la tempête tropicale Lisa fit une boucle au nord des îles des Mascareignes, à moins de 200 km de Maurice. Celle-ci influença le temps, du 6 au 16 avril 1981. Dans l'édition du 14 avril 1981, l'express fit état d'une dépression modérée «imprévisible» donnant «du fil à retordre» à la station météorologique de Vacoas. Ainsi, alors qu'en avertissement de classe I était émis pour Rodrigues, dans l'après-midi du 11 avril 1981, tout présageait que Lisa s'en allait tranquillement. Sauf qu'à 18 heures, le même jour, Maurice passait en alerte 3 puisque cette tempête «venait vers nous». Vu qu'elle restait stationnaire, un avertissement de classe II fut alors émis mais Lisa s'intensifia par la suite, faisant basculer l'alerte au numéro 3 à nouveau.

Affrontements entre policiers et Îloises

En 1981, la question des Chagos et de Diego Garcia déchaînait déjà des passions. Ainsi, à la une de l'express du samedi 28 mars 1981 figurait un article évoquant des affrontements entre des policiers et des Îloises la veille, soit le vendredi 27 mars 1981. Bilan : quatre arrestations et trois blessés suite à cette confrontation qui avait eu lieu en fin de matinée ce jour-là. C'était à La Chaussée, en face du haut-commissariat britannique entre les membres de la Riot Unit de la police et une cinquantaine de manifestants îlois. Après une manifestation devant l'Hôtel du gouvernement, ces derniers avaient regagné le jardin de la Compagnie, selon l'express. Ils brandissaient des slogans «Anglais volere» et «Sele solition révolution». Ils ont alors enchaîné avec un sit-in qui obstrua la circulation. Vers midi, les membres de la Riot Unit tentèrent de repousser les manifestants mais ils refusèrent d'obéir. Des coups furent alors échangés entre les deux partis.

Par ailleurs, l'express évoqua le fait qu'aucune décision n'avait été prise au Conseil des ministres, le 27 mars 1981, sur la question de l'éventuel déblocage d'une somme de Rs 3 millions en faveur des Îlois. Il ressort que sir Veerasamy Ringadoo, Premier ministre suppléant d'alors, était souffrant et n'avait donc pu participer à ce Conseil des ministres. Parallèlement, à la même date, l'express faisait état du renforcement de la base militaire de Diego Garcia, notamment avec le coup d'envoi, le 28 mars 1981, des discussions avec les hommes d'affaires américains. Il était prévu qu'Harold Walter, ministre des Affaires étrangères, débute d'importantes discussions qui pourraient permettre à plusieurs firmes de construction locales de participer aux travaux d'envergure en cours à Diego Garcia. À cet effet, il devait recevoir des représentants des différentes entreprises mauriciennes ainsi que ceux issus de firmes américaines, arrivés à Plaisance, le 27 mars 1981, par un avion militaire spécial.

Maurice et son rôle pour Diego Garcia

Il n'y a pas que les Chagos et Agaléga qui demeurent au centre des préoccupations de Maurice. En 1981, notre île était également concernée par le sort de Diego Garcia. Le 4 février, l'express annonçait la participation de Kher Jagatsingh, ministre de l'Éducation, à la conférence des pays non-alignés, à New Delhi. Le journal mentionnait une campagne de presse d'Inde contre le renforcement de la base militaire de Diego Garcia. Au cours de la conférence, le ministre mauricien devait être appelé à prendre position sur la question délicate d'une éventuelle résolution, condamnant cet effort de militarisation et exigeant l'évacuation de cet atoll par les forces militaires américaines.

«L'on sait que le gouvernement mauricien, tout en condamnant la militarisation de l'océan Indien, ne souhaite pas pour autant le départ des seuls Américains de cet océan», lit-on dans l'article. Le 25 février, les choses devaient s'accélérer, suivant une rencontre de SSR avec Margaret Thatcher. D'après l'express, ce dernier avait obtenu une certaine garantie qu'il serait, dans les mois suivants, l'interlocuteur des Américains concernant tout projet sur l'île de Diego Garcia. Et l'express du 2 septembre 1981 fit état d'un premier contrat de construction d'un complexe résidentiel sur l'archipel avait été conclu entre les Anglo-Américains et les Mauriciens. Ce contrat d'une valeur d'un million de dollars concernait la construction de 200 000 pieds carrés de bâtiments, construction à laquelle 270 travailleurs mauriciens devaient être affectés.

Puis, selon le journal du 19 novembre 1981, un premier groupe de 60 travailleurs mauriciens devait s'y rendre, le 21 novembre, à bord d'un avion militaire américain pour oeuvrer sur les projets de développement à Diego Garcia.

Société : hausses, grèves, innovations et débordements

Il y avait de l'électricité dans l'air... et de l'eau dans le gaz. Le 14 décembre 1981, les tarifs pour ces deux aménités avaient été majorés de 10 % et 20 % respectivement. Et avant cette majoration, le pain risquait d'avoir un goût amer. En effet, le 2 juin 1981, une hausse de 50 % sur son prix avait été demandée par les boulangers. Le 5 juin 1981, le ministre des Prix affirmait que «toute demande d'augmentation du pain était injustifiée». Le 17 juillet 1981, l'express évoquait une possible augmentation de 30 à 35 sous pour le pain maison de 100 g. Une précédente augmentation sur ce produit avait été accordée, le 21 juillet 1980, portant le prix du pain maison à 30 sous justement, contre 25 sous, et celui de la baguette à Rs 1,70 contre Rs 1,40, auparavant.

Hormis la consommation, la santé fut également éclaboussée. Ainsi, le 18 juin 1981, une grève avait été entamée par les médecins de l'État. Dès janvier 1981, le logement social faisait également débat, avec des critiques à l'égard du relogement des sinistrés de Mahébourg vers un genre de «dustbin». D'ailleurs, le 7 avril 1981, Pierre Collin, architecte de MM. Boullé Lagesse and Partners, déclarait à l'express qu'il n'était pas concevable d'habiter une maison de moins de 450 pieds carrés à Maurice. Sur le plan économique, le 7 avril 1981, la firme comptable De Chazal Du Mée annonçait sa première acquisition d'ordinateur. Une révolution et une innovation, à l'époque, dans le monde professionnel.

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