Congo-Kinshasa: Le M23 toujours actif dans l'est de la RDC

Le M23 reste toujours actif dans des localités dans l'est de la RDC et est accusé d'exactions en dépit de la présence des forces de l'EAC.

En République démocratique du Congo, la force régionale créée en 2022 pour arrêter l'avancée des rebelles du M23 dans l'est du pays, reste active sur le terrain. Sa mission : récupérer certains des bastions de la rébellion qui est toujours accusée de commettre des crimes. Mais malgré cette présence les rebelles sont toujours bien présents, selon des habitants des localités censées être libérées.

Créée pour arrêter la progression des rebelles du M23 qui se sont emparés de vastes étendues de territoire dans l'est de la RDC, la force de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) s'appuie sur des troupes du Burundi, du Kenya, de l'Ouganda et du Soudan du Sud. Depuis son déploiement, la force régionale assure être parvenue à récupérer certaines des localités dont le groupe rebelle s'était emparé.

"Nous vivons avec eux"

Seulement, sur le terrain, la réalité est toute autre selon certains habitants comme Michel qui vit à Bunagana, un important carrefour commercial au nord de Goma, à la frontière ougandaise. "Les rebelles du M23 sont toujours là, ils ne se sont pas retirés et nous continuons à payer des impôts", assure cet homme à la DW. "Nous achetons des marchandises en Ouganda et nous payons des impôts aux rebelles comme d'habitude malgré la présence de la force régionale. Nous vivons avec eux, sauf aujourd'hui, ils se sont cachés à cause de la présence de la presse. Ils ont même enlevé leurs uniformes et sont habillés en civil", assure-t-il.

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Certains habitants assurent par ailleurs que les rebelles continuent à organiser des patrouilles dans plusieurs localités. Même s'ils semblent avoir abandonné certaines zones médiatisées depuis le début du mois, notamment le village de Kishishe, où ils sont accusés d'avoir massacré plus de 170 civils en novembre dernier, les hommes du M23 seraient donc toujours bien actifs dans l'est de la RDC. L'un des derniers crimes imputés au M23 est le massacre à Rutshuru d'une soixantaine de civils qui auraient été retrouvé ligotés.

Le besoin d'une "discussion sincère"

La persistance des actions du M23 n'est d'ailleurs pas niée totalement par le Général Jeff Nyagah, commandant de la Force régionale d'Afrique de l'Est. "Il faut dire la vérité : on sait qu'il y a des zones où ils se sont complètement repliés, mais on sait aussi que certains sont encore présents à Kibumba, Rumangabo et Bunagana. Dans la zone de Tongo Mulimbi par contre, ils se sont complètement repliés. Ils ont également quitté Kiwanja. Mais il y a encore une trentaine de rebelles à Rutshuru," reconnaît le Général.

Même si la RDC a joué un rôle déterminant dans la création de la force EAC, elle a appelé à une "discussion sincère" pour clarifier le rôle réel de la mission. Patrick Muyaya, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, évoque une mission "très critique" au micro de la DW. "Évidemment, ils se retirent, il ne se retirent pas, il y a des mouvements qui sont certes timides, mais pas au rythme que nous souhaitons. L'idée ici n'est pas d'offrir de nouveaux prétextes pour continuer à endeuiller nos populations. Vous savez que nous sommes dans une année électorale, et nous tenons à la participation de tous les compatriotes à ce processus électoral."

Alors que la RDC se prépare à aller aux urnes, en principe à la fin de l'année, la zone sous le contrôle du M23 semble ainsi avoir peu changé, et plus d'un million de personnes ayant fui l'avancée des rebelles restent déplacées.

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