Burkina Faso: Massacre de Karma - Les rescapés pointent du doigt les forces de défense

Des personnes déplacées par le conflit au Burkina Faso collectent des fournitures humanitaires dans l'est du pays.

Neuf jours après le massacre de Karma, dans le nord du Burkina Faso, les rescapés ont organisé une conférence de presse ce samedi 29 avril à Ouahigouya, la ville toute proche.

Après une minute de silence en hommage aux victimes, le représentant des rescapés, Daouda Belem, fait le récit de la journée du 20 avril : l'arrivée d'hommes en uniforme de l'armée burkinabè à Karma, la joie qu'elle suscite d'abord chez les villageois, puis l'effroi aux premiers coups de feu ; enfin la fuite des habitants rattrapés par les soldats qui répartissent les hommes en plusieurs groupes, exécutés sur place. « Le paroxysme est atteint dans le quartier de Moiga Yiri, où des vieillards, des femmes, certaines enceintes, des enfants, sont cruellement tués, y compris des bébés sur le dos de leur maman exécutée », explique Daouda Belem.

Le carnage dure six heures. Selon les rescapés, 147 personnes ont été tuées, dont 28 femmes et 45 enfants, âgés de 9 jours à 14 ans. Quatre jours plus tard, précise Daouda Belem, l'armée barre la route aux villageois qui veulent retourner à Karma enterrer leurs morts, et confisque leur téléphone pour en effacer les photos.

Le représentant des rescapés exprime ensuite son indignation vis-à-vis des autorités du pays qui, sept jours après le drame, le datent au 21 avril et non au 20. « Le communiqué du gouvernement frise l'indifférence et le mépris vis-à-vis des populations de Karma et environnants. » Pire, déclare Daouda Belem, « ce communiqué sème la confusion quant à la responsabilité des forces de défense et de sécurité ». Or, conclut-il, « nous n'avons aucun doute qu'elles ont été auteures de ce carnage ».

Pour lui, l'État et l'armée doivent reconnaître leur responsabilité dans cette bavure, demander pardon et envisager des réparations. « Les rescapés traînent ces séquelles. Reconnaître la faute serait une sorte de réparation et une sorte de réintégration. »

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