Congo-Kinshasa: Lutte contre la polio - L'INRB parmi les laboratoires capables de faire le séquençage des virus de la maladie

Selon le Pr Jean-Jacques Muyembe, directeur général de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa, son institution, un laboratoire de type P3, deviendra la troisième dans la région africaine à pouvoir désormais faire le séquençage des virus de la poliomyélite sur place .

L'INRB vient s'ajouter à l'Institut national des maladies transmissibles de l'Afrique du Sud et à l'Institut mémorial Noguchi pour la recherche médicale du Ghana, deux laboratoires qui étaient les seuls capables de faire le séquençage des virus de la polio dans la région africaine. Il vient de bénéficier de ce statut à l'issue d'une formation de renforcement des capacités des techniciens de laboratoire en techniques de séquençage des virus de la polio, initiée récemment à Kinshasa par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en partenariat avec le Réseau mondial de laboratoires de la poliomyélite.

Cette formation a ciblé deux apprenants du Cameroun, deux du Kenya, deux du Sénégal et deux de la République démocratique du Congo (RDC). Elle a permis aux participants d'acquérir des connaissances théoriques et pratiques sur le séquençage du poliovirus afin de les familiariser aux techniques d'analyse rapide des échantillons.

Au terme de cette formation, le Pr Jean -Jacques Muyembe s'est dit réjoui. « Nous nous réjouissons de l'utilisation de cette technologie de séquençage qui va nous faciliter l'accès à des données génomiques de polio en un temps record. Car avant, la méthode de diagnostic des virus de la polio, avec des microscopes inversés, était trop lourde et trop compliquée », a-t-il déclaré, ajoutant: " L'INRB, qui est un laboratoire P3, deviendra le troisième dans la région africaine à pouvoir désormais faire le séquençage des virus de la poliomyélite sur place" .

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Pour sa part, le Dr Anfumbom Kitu Womeyi Kfutwah, coordonnateur du réseau régional des laboratoires de la poliomyélite au Bureau de l'OMS pour l'Afrique, a souligné que cet effort vise surtout une analyse plus rapide des échantillons de polio et leur séquençage directement dans les pays afin de réduire les délais entre la paralysie de l'enfant et le rendu du résultat par le laboratoire. Ce qui permet de repérer et de lever également les blocages ayant un impact disproportionné sur les pays n'ayant pas de capacités d'analyse des échantillons,

« L'expérience a montré qu'avec l'élargissement de la surveillance de l'environnement et des réseaux de surveillance à base communautaire, l'extension des outils numériques, ainsi qu'avec l'apport de cette technologie de séquençage des virus de la polio, nos pays pouvaient s'approprier les préparations requises pour répondre aux menaces des poliovirus, maintenir l'éradication de la polio à l'horizon 2026 et atteindre les jalons majeurs», a déclaré le Dr Boureima Hama Sambo, représentant de l'OMS en RDC.

Pour le Dr Ousmane Madiagne Diop, coordonnateur du réseau mondial des laboratoires de la poliomyélite de l'OMS, basé à Genève, il est essentiel de noter que « cette technique est encore en cours de validation par l'OMS et ne sera mise en oeuvre que lorsque le feu vert aura été donné par le groupe technique du réseau mondial des laboratoires de la poliomyélite qui est en train d'évaluer les premiers résultats obtenus ».

« Nous sommes fiers d'avoir formé les candidats sélectionnés sur le séquençage polio avec la plateforme MinION ici à Kinshasa, et nous allons, pour les futurs efforts, étendre progressivement cette expérience à d'autres pays pour élargir les capacités des laboratoires de toute la région grâce à cette technologie », a noté, de son côté, le Dr Javier Martin de l'Institut national des normes et contrôles biologiques ainsi que de l'Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé du Royaume-Uni.

Une nouvelle technologie qui réduit le temps du travail

Force est de rappeler que la formation de Kinshasa pour les laborantins a utilisé la plateforme MinION, un séquenceur génétique miniature qui se branche directement sur un ordinateur pour détecter les variants. Cette méthodologie pourrait permettre de réduire la charge du travail tout en fournissant les résultats finaux dans des délais raisonnables au niveau des pays. Ce qui permet également de coordonner une riposte vaccinale rapide ainsi que la mise en place d'autres actions de santé publique requises, sans attendre comme par le passé une confirmation par les laboratoires du réseau situés en dehors des pays.

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