Congo-Kinshasa: Séjour et travail des étrangers en RDC - Des services de l'Etat accusés d'avoir failli à leur mission

L'Association africaine de défense des droits de l'homme (Asadho) accuse la Direction générale des migrations (DGM), la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD), l'Inspection générale de l'emploi et le ministère du Travail de favoriser le séjour et le travail irréguliers des étrangers oeuvrant pour le compte de la société minière Tenke-Fungurume Mining (TFM), en République démocratique du Congo (RDC).

Dans un communiqué du 2 mai signé par son président, Me Jean-Claude Katende, l'Asadho révèle qu'en 2020, la société TFM a fait entrer 522 étrangers de nationalité chinoise sur le territoire congolais, en violation des règles sur le séjour et le travail des étrangers dans le pays.

L'organisation indique, par ailleurs, qu'à cette occasion, la DGM et la DGRAD se seraient contentées de percevoir les frais de visa et les pénalités, sans se préoccuper de l'endroit où seraient parties ces personnes ni de les expulser du pays.

L'Asadho poursuit, en outre, qu'en mars dernier, lors de la descente dans les installations de cette société minière à Fungurume, la DGM avait découvert trente personnes de nationalité chinoise possédant des visas non conformes. « Elle s'est encore contentée de percevoir 60 000 dollars américains remis par la TFM pour garantir sa pleine coopération », a souligné cette organisation.

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Une alerte fait bouger les choses

A en croire l'Ashado, c'est quand elle a publié son communiqué de presse portant le n°003/Asadho/2023 du 13 avril 2023 intitulé « L'Asadho dénonce la violation des lois sur le séjour et le travail des étrangers par TFM » que la DGM expulse, en date du 14 avril, dix-sept des trente sujets chinois trouvés en situation irrégulière.

Citant des sources concordantes, elle a noté que TFM a fait entrer plusieurs dizaines de Chinois sur le territoire congolais sans visa de travail et sous la qualification d'interprète.

« Mais ces mêmes Chinois venus comme interprètes occupent à ce jour des fonctions administratives au sein de TFM, en remplacement des Congolais licenciés abusivement ou envoyés à d'autres taches incompatibles avec leur qualification académique ou professionnelle », a souligné l'Asadho.

Pour s'en convaincre, elle a cité certains noms des agents venus comme interprètes, mais qui sont aujourd'hui des managers au sein de TFM. Il s'agit de Zhang Dandan, Wang Zuolei, Fang Nannan, Hu YONG, Chi Zhing, Huang Qilin, Huang Xu, Feng Xu et Yang Like.

Une passivité coupable des services congolais

L'Asadho regrette que malgré que cette situation soit connue de l'Inspection générale de l'emploi et du ministre du Travail, rien ne soit fait pour exiger que cette société respecte les lois sur le séjour et le travail des étrangers en RDC.

« En réaction à notre communiqué de presse de n°003/Asadho/2023 du 13 avril 2023, beaucoup d'acteurs de la société civile du Haut-Katanga et de Lualaba ont signalé que plusieurs entreprises minières opérant dans cet espace ont plusieurs expatriés dans la même situation irrégulière », a poursuivi l'Asadho.

Pour corriger cette situation, l'Asadho recommande au ministre de l'Intérieur d'instruire la DGM de vérifier la régularité de visa de séjour des expatriés, particulièrement ceux qui travaillent dans les zones minières ; et d'ouvrir une enquête au sein de ce service étatique, en vue d'identifier tous les fonctionnaires qui facilitent l'entrée et le séjour irrégulier des étrangers sur le sol congolais.

A la DGM, elle demande d'expulser de la RDC tout expatrié en séjour irrégulier et particulièrement dans les zones minières. L'Asadho attend de l'Inspection générale de l'emploi et au ministère du Travail l'ouverture d'une enquête pour identifier tout étranger qui fait un travail différent de la qualification déclarée lors de l'obtention du visa ; et de retirer le titre de travail à tout étranger qui ne remplit pas les conditions exigées par la loi.

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