Ile Maurice: Crash d'avion en 1987 - Éclairage sur une valise retrouvée parmi les débris d'Heidelberg

L'auteur qui était journaliste à «l'express» au moment du crash d'un avion de la South African Airways en 1987 revient sur ce drame.

L'histoire derrière la photo d'une valise et la série des débris publiés en primeur dans l'express sur le crash d'Heidelberg en novembre 1987 est assez cocasse.

A la page 91 du livre sur les 60 ans de l'express, la photo de cette valise recouvrée en mer mérite un éclairage. La photo ne peut être historiquement attribuée à Vel Kadressen. Voici les faits au nom de la vérité historique et sans vouloir faire la leçon à quiconque.

Samedi 28 novembre: tôt le matin, l'avion de la SAA disparaît en mer. Les premières recherches sont organisées.

Lundi 30 novembre : en tant que journaliste, j'apprends que l'Amar, le seul bateau patrouilleur de la NCG, s'apprête à mettre le cap sur le crash site présumé au large de Belle-Mare. Je négocie avec la police pour pouvoir partir à bord. Une seule condition: le journal doit souscrire une police d'assurance. Ce qui est fait.

Toujours lundi, l'Amar quitte la rade de Port-Louis avec trois journalistes à bord, soit Harish Chundunsing et Harry Chetty du Sun et moi-même.

Mardi 1er décembre : le patrouilleur se trouve au large de Belle-Mare avec des rares débris ramassés en mer, dont une dépouille. En parallèle, un peu plus loin en mer, le La Grandière de la marine française est en Search and Rescue Operation avec davantage de débris récupérés.

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Mais la communication passe mal, question de langues, entre le commandant indien de l'Amar et celui de La Grandière.

Je me porte volontaire pour traduire que ce soit en anglais et en français. Ainsi, j'apprends que La Grandière compte rentrer dès ce mardi soir à Port-Louis pour débarquer les premiers débris en mer.

Avec la permission du commandant indien, je demande au commandement en chef de La Grandière s'il peut ramener trois journalistes mauriciens, dont deux souffrant atrocement de mal de mer, à Port-Louis. Cette demande est acceptée. Je passe sur les détails de la traversée en haute mer en dinghy ou encore l'échelle en corde faisant au moins trois étages à grimper, si ce n'est plus, en plein océan Indien.

Une fois sur le pont de cette unité de la marine française, les trois journalistes mauriciens se retrouvent devant un trésor d'informations, en termes de débris ou encore d'effets personnels des passages, victimes du crash.

Harry Chetty, le seul à disposer d'un appareil de photographie - ce n'était pas encore l'heure des appareils numériques ou encore des caméras des cellulaires - se donne professionnellement à coeur joie.

Je n'avais aucune caméra avec moi. J'ai fait un deal avec Harry Chetty en lui disant que j'ai écourté son calvaire de mal de mer en négociant un retour au port prématuré. En contrepartie, il me prête son appareil avec un rouleau de films en blanc et noir de 36 poses.

En beau joueur, Harry Chetty accepte la proposition. Et là, j'ai pris mes premières photos de presse. Jusque-là je n'avais jamais fait de photos. Des journalistes japonais, qui avaient été dépêchés à Maurice, devaient débarquer à la rédaction de l'express dans la soirée du1er décembre. Ils avaient pris connaissance de ces premières photos et voulaient en avoir des copies. C'étaient les premières photos, dont une avec raquette de tennis, tordue. Je vois encore cette image des débris disposés pêle-mêle sur le pont de La Grandière.

Vel Kadressen, qui venait de rentrer d'une tournée de détente de l'étranger, avait fait le choix d'embarquer à bord du remorqueur de la Mauritius Ports Authority, le Sir Seewwosagur Ramgoolam, en direction de Mahébourg. Il ne devait retourner à Port-Louis que le vendredi, soit en fin de semaine. Et pas content du tout d'un séjour plus long en mer alors que les premières photos avaient été ramenées par moi en moins de 24 heures. Tout simplement la joie d'avoir contribué au quotidien l'express.

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