Ile Maurice: Accident à Sorèze - 10 ans après, les scènes d'horreur hantent encore les esprits

Alors que les choses semblent se dérouler normalement en ce vendredi matin, des passagers vont vivre l'horreur et l'incertitude en apprenant que les freins de l'autobus ont lâché. Des personnes marquées par cette tragédie qui avait fait 10 morts et 45 blessés en témoignent...

LE vendredi 3 mai 2013, vers 9 h 25, à hauteur de Sorèze, Deepchand Guness, habitant de Petite-Rivière et chauffeur de l'autobus BlueLine de la Compagnie nationale de transport (CNT) immatriculé 4263AG07, signale au receveur et aux passagers qu'il a perdu ses freins au moment de négocier le virage en pleine descente de Montebello. Il tente alors d'engager l'autobus, bondé de passagers, dont certains voyageaient debout, sur la voie menant à l'échangeur de laRing Roadà Sorèze. Lors de cette manoeuvre, l'autobus s'écrase sur le bas-côté de la route. Bilan : 10 morts, dont le chauffeur lui-même, et 45 blessés, dont le receveur.

Dix ans plus tard, les esprits restent marqués par cette tragédie qui avait plongé toute une nation dans le désarroi. «Je vivais auparavant à Petite-Rivière, puis je suis allé vivre à Notre-Dame. Il (Deepchand) était quelqu'un de bien et nous nous souvenons de lui pour sa bonne foi... Il était le père de trois enfants, deux filles et un fils. Même aujourd'hui, les allées et venues sont régulières entre les membres de la famille. La vie doit continuer, et nous ne pouvons pas changer ce qui s'est passé», confie son frère, qui nous parle au téléphone, d'une voix plutôt émue.

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Si le courage, mêlé de tristesse, prévaut toujours chez les proches des victimes, pour Manishwar Purmanund, qui était alors coordinateur de La Croix-Rouge pour les régions de Rose-Hill et Port-Louis, c'était la première fois que ses collègues et lui-même devaient faire face à une situation aussi délicate sur le terrain. «Lors des inondations meurtrières survenues en mars 2013, nous avions fait face à de nombreux désastres et étions intervenus dans des endroits qui nécessitaient une surveillance 24 heures sur 24 pendant trois jours.

Quelques semaines plus tard, pour l'accident de Sorèze, c'était à nouveau la panique, le choc et le chaos. Nous avons apporté les premiers secours et assuré le transfert des blessés à l'hôpital. Même aujourd'hui, je me souviens de tout cela lorsque je passe à proximité du lieu de l'accident. La découverte des corps déchiquetés, la gravité des blessures et les souffrances des passagers ainsi que la panique des automobilistes qui ne comprenaient pas ce qui se passait après que le drame a provoqué un énorme embouteillage.»

Manishwar Purmanund confie que cet accident l'a conduit à apporter des changements. «Par la suite, on a décidé de collaborer avec d'autres ONG et la police pour être mieux préparés à faire face à de telles urgences sur le terrain à travers des sessions de formation.» Il dirige aujourd'hui l'organisation Youth For Human Rights International à Maurice. «J'ai réalisé l'importance de compétences avancées en premiers secours.

Aujourd'hui, en tant que secouriste qualifié et activiste, j'encourage les jeunes à acquérir ces compétences qui peuvent s'avérer utiles pour eux-mêmes et pour la communauté en cas d'urgence.» Ce qui a été le plus remarquable lors de ce drame, ajoute-t-il, ce fut la collaboration entre toutes les autorités. «Les services de secours, le SAMU, la police, les citoyens volontaires et les médias se sont réunis, mettant tout de côté, pour venir en aide à l'intérêt public.»

Dix ans plus tard, le transport public, en particulier les autobus, s'est-il amélioré en termes de sécurité des passagers ? «Pas vraiment», estime le frère de Deepchand Guness. Idem pour Manishwar Purmanund. «Les bus bondés, ceux qui dégagent de la fumée noire et la tendance à met paryaz de certains chauffeurs au péril de leurs passagers», restent autant de défis à relever.

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