Tchad: L'UE gèle 10 millions d'euros destinés à l'armée

Drapeau de l'union européenne

Une mesure qui serait liée à la tension diplomatique entre l'Allemagne et le Tchad. Cet argent devait contribuer à l'achat d'équipements militaires.

L'information est rapportée par plusieurs journaux tchadiens : l'Union européenne a gelé le décaissement d'un fonds d'appui militaire de 10 millions d'euros à l'armée tchadienne.

De l'argent qui devait contribuer à l'achat d'équipements militaires. Mais, jusque-là, aucune confirmation de la part de Bruxelles et pas de réaction non plus des autorités tchadiennes que nous avons tenté en vain de joindre.

Mais, pour Remadji Hoinathy, chercheur principal pour l'Afrique centrale et les Grands Lacs à l'Institut pour les études de sécurité, la suspension de cette aide est sans aucun doute liée à la tension diplomatique consécutive à l'expulsion début avril de l'ambassadeur d'Allemagne au Tchad.

"Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'Allemagne est un pays important au sein de l'UE et qu'il y a une nécessité de la part du Tchad de soigner ses rapports diplomatiques avec ses partenaires, notamment européens, pour continuer à bénéficier de l'aide budgétaire qui n'est pas petite et qui vient de l'Union européenne ", estime le chercheur.

Début avril, les autorités tchadiennes avaient expulsé l'ambassadeur Jan Christian Gordon Kricke en raison de ses critiques sur la gestion de la transition militaire. L'Allemagne avait aussitôt réagi en expulsant l'ambassadeur du Tchad à Berlin.

Une tension qui aurait donc poussé l'Union européenne à geler cette aide de 10 millions d'euros à l'armée tchadienne. Une armée qui a pourtant besoin d'appuis extérieurs dans sa lutte contre les groupes djihadistes et pour aussi sécuriser un pays entouré par des états en crise : la Libye, le Soudan et la République centrafricaine.

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L'UE toujours bien engagée auprès du Tchad

Mais la suspension de cet appui militaire ne devrait pas affecter l'engagement européen auprès du Tchad, selon Remadji Hoinathy

"En ce moment où la coopération militaire entre la France, certains pays européens et les pays sahéliens comme le Burkina et le Mali se complique, cela fait apparaître encore plus l'importance du Tchad sur l'échiquier de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel", explique le chercheur.

Le directeur du programme Sahel de la fondation Konrad Adenauer, Ulf Laessing, ne croit pas non plus en un changement de ton de Bruxelles envers N'Djamena.

"Peut être quelques éléments de la coopération bilatérale pour exprimer leurs critiques de la transition comme par exemple, le manque d'une date pour les élections. Mais, je ne crois pas à un grand changement de la politique occidentale envers le Tchad", estime Ulf Laessing.

Une mesure symboliqe donc car le Tchad et l'Union européenne ont plus que jamais besoin l'un de l'autre dans un contexte régional marqué par l'instabilité dans le Sahel, le conflit au Soudan et ses répercussions ainsi que la montée en puissance de la Russie et de la Chine sur le continent.

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