Ile Maurice: PNQ - 98 % d'échec à la fin de l'Extended Programme

Shelly Carpayen

Doit-on continuer à envoyer certains enfants à l'école pour ne rien apprendre à la fin ? Ou doit-on les diriger directement vers les écoles de métiers ? Début de débats avec Xavier-Luc Duval et Leela Devi Dookun-Luchoomun, hier, à l'Assemblée nationale.

En 2022, seuls 71 élèves (âgés entre 12 et 14 ans) seulement sur 3 291 ayant pris part aux examens de fin d'études des quatre ans d'extended classes ont réussi et 3 210, soit 98 %, ont échoué. Ils ont été «jetés sur le pavé», a commenté le leader de l'opposition. Donc, retour à zéro pour eux. L'on ne parle pas des 277 élèves qui ont abandonné leurs études en cours de route. Et que dire des 467 qui n'ont pas voulu prendre part à ces examens du National Certificate of Education (NCE) !

Il y a actuellement 11 172 de ces élèves enrôlés dans ces extended classes, qui couvrent les Grades 7 à 9, mais en quatre ans. Ils ont remplacé les cours prévocationnels inaugurés par Steven Obeegadoo en 2001 dans les collèges, qui n'ont pas marché non plus et avaient causé plus de mal que de bien avec la difficile cohabitation des élèves prévocationnels et mainstream.

Donc, seulement 71 élèves de ces classes ont intégré le Mauritius Institute of Training and Development (MITD), qui compte maintenant 457 élèves pour apprendre un métier manuel comme électricien, agriculteur, soudeur ou ébéniste. Quatre ans de perdus pour ces élèves qui échouent ?

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Xavier-Luc Duval ne comprend pas pourquoi le ministère de l'Éducation n'utilise pas des méthodes innovantes pour éduquer ces enfants. La ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun essaie de faire comprendre que vu que ces enfants éprouvent des difficultés d'apprentissage, ces méthodes novatrices ne serviraient pas à grand-chose. En fait, elle faisait référence uniquement aux moyens digitaux et à l'utilisation d'ordinateurs...

Le leader de l'opposition est passé à autre chose. Citant le rapport de la Banque mondiale de 2020, il veut savoir si les leçons n'ont pas été apprises et les recommandations figurant dans ce rapport vieux de deux ans et demi, pas mises en pratique, comme celle recommandant l'implication entière des parents de ces élèves.

La ministre de l'Éducation a insisté : les parents ont bien été embarqués, tout en invitant les ONG dans le débat. En leur renvoyant un peu la responsabilité de cet échec de consultations avec les parents ?

Xavier-Luc Duval parle alors d'une autre recommandation de la Banque mondiale, qui constitue le clou des échanges d'hier : il faut diriger ces enfants vers les filières spécialisées de métiers comme le jardinage, la plomberie, la pâtisserie, l'art, bref, dans lesquels ils peuvent se montrer plus performants. D'ailleurs, ajoute-t-il, 68 % des profs pensent qu'il faut davantage d'activités pratiques qu'académiques.

Leela Devi Dookun-Luchoomun dit non : il ne faut pas se presser pour envoyer ces élèves vers les écoles de métiers comme le MITD, s'appuyant sur des études internationales dans ce sens mais sans en citer aucune. Pour elle, les enfants doivent au moins apprendre à lire et à compter, pour «maîtriser les outils nécessaires». Lorsqu'elle se met à réciter les programmes et lois votées à ce sujet, le leader de l'opposition l'arrête : «La question n'est pas de savoir combien vous avez travaillé mais quels résultats vous avez apportés.»

L'importance des sujets pratiques

Lors de la conférence de presse après la PNQ, Xavier-Luc Duval dit s'attendre à ce que le taux d'échec pour les enfants de cet «Extended Programme» soit aussi mauvais qu'en 2022. «Cela concerne 15 000 enfants dont l'avenir sera à l'eau.» Il est revenu sur l'importance d'étudier les sujets pratiques même pour les élèves du mainstream.

«Moi-même j'ai fait 'woodwork' et 'metalwork' alors que j'étais étudiant en Angleterre.» Arianne Navarre-Marie a parlé d'échec total de ce programme. Et que ces enfants représentent un danger public. «Que deviendront-ils ? Combien iront en prison ? La ministre est complètement déconnectée de la réalité», affirme la députée du MMM. Mahend Gungapersad, qui était aussi aux côtés de Xavier-Luc Duval, craint que l'on ait créé un «ghetto pédagogique».

Il rappelle que ces enfants qui ont échoué au «Primary School Achievement Certificate» et suivent «l'Extended Programme» prennent part aux mêmes examens que le mainstream, le NCE. «C'est une épreuve ultra-compétitive. On ne doit pas s'étonner que ces enfants aient plus que d'autres l'exam blues.» Il faisait référence probablement au nombre important d'élèves qui refusent de prendre part aux examens de fin de cycle. Le député travailliste demande qu'il y ait un curriculum adapté à ces enfants.

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