Tunisie: Attaque criminelle à la Ghriba - La rapidité des forces de sécurité saluée

L'entrée de la synagogue Ghriba à Djerba en 2007 (archives)

Le fait que l'auteur fait partie des forces de sécurité est une nouvelle donne à laquelle toute l'attention devrait être accordée. Quelles sont les causes qui l'avaient poussé à agir de la sorte ? S'agit-il d'un fondamentaliste qui a échappé à la vigilance des services spécialisés en dépit de la série de purge effectuée ces dernières années au sein des unités sécuritaires ou d'un jeune recruté à la hâte, comme ce fut le cas pour certains durant la période de la Troïka ?

C'est la deuxième fois que la synagogue de la Ghriba située à l'Ile paradisiaque de Djerba est prise pour cible par les fanatiques. La première attaque a été perpétrée le 11 avril 2002.

L'explosion d'un camion chargé de bonbonnes de gaz devant la synagogue avait provoqué la mort d'une quinzaine de personnes, des touristes allemands pour la plupart.

Plus d'une vingtaine d'années après, la haine fanatique est toujours présente avec cet acte criminel qui a visé ce mardi les pèlerins de la Ghriba. Heureusement, la réaction des unités de police a été très rapide et le dispositif sécuritaire mis en place a montré son efficacité et a donc permis d'éliminer le protagoniste avant qu'il ne s'approche de la foule des pèlerins.

Qui était le protagoniste de l'attaque ?

Contrairement à la riposte des unités sécuritaires lors des attentats de Sousse et Bardo qui ont causé plusieurs victimes, celle perpétrée ce mardi 09 mai 2023 a été rapidement et efficacement maitrisée grâce aux préparatifs et dispositifs sécuritaires mis en place avant le pèlerinage de la Ghriba.

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Toutefois, le fait que l'auteur fait partie des forces de sécurité est une nouvelle donne à laquelle toute l'attention devrait être accordée.

Quelles sont les causes qui l'avaient poussé à agir de la sorte ? S'agit-il d'un fondamentaliste qui a échappé à la vigilance des services spécialisés en dépit de la série de purge effectuée ces dernières années au sein des unités sécuritaires ou d'un jeune recruté à la hâte, comme ce fut le cas pour certains durant la période de la Troïka ?

Certes, il n'est point utile de se perdre en conjectures avant la clôture de l'enquête.

Cependant, il est aussi bien important qu'opportun de passer au crible les agents qui débarquent au MI dans tous les secteurs et exiger des normes et mesures de sélections draconiennes, car la personne qui a perpétré cette attaque pourrait être bien un de ces salafistes qui ont profité de la révolution pour s'infiltrer dans les rangs de la police tunisienne avec la bénédiction de la Troïka.

« Les unités de police ont pu cette fois éviter une attaque qui aurait pu causer plus de dégâts humains. Toutefois, les brebis galeuses doivent être bannies du secteur de la police, notamment quand on sait que la Direction de la Sécurité de l'État qui suivait de très près le comportement des nouveaux recrus a été dissoute après le 14 janvier 2011 et n'a pas été remplacée par une autre direction, et que les renseignements généraux peinent toujours à retrouver l'éclat d'antan », selon certaines sources sécuritaires.

Certes on ne favorise guère le retour de la tristement célèbre DST, mais il faut bien une direction qui tiendra à l'oeil les cadres et agents de la police et guetter les dérives comportementales.

Il faudra aussi souligner à cet effet que la montée en force des syndicats de la police après 2011 a remis en question certains principes élémentaires du travail sécuritaire inhérents à la discipline.

Le ministère de l'Intérieur a bien fait de publier quelques heures après l'incident un communiqué détaillant les faits, coupant ainsi court avec d'anciens reflexes et pratiques visant à altérer la réalité.

Selon le MI, un agent de la Garde Nationale relevant du poste maritime à Aghir a été tué par son collègue en faisant usage de son arme individuelle et en saisissant des munitions, puis il a tenté de rejoindre les environs du synagogue de la Ghriba et a délibérément ouvert le feu sur les unités de sécurité stationnées sur place, qui ont immédiatement riposté et l'ont empêché d'atteindre le lieu de pèlerinage. Il est à préciser que ce lieu a été avant même le pèlerinage quadrillé par un imposant service d'ordre. Il n'était accessible que pour les pèlerins et autres personnes portant des badges.

Un marseillais parmi les décédées

D'après le ministère de l'Intérieur, cet acte criminel a causé la blessure à six agents et quatre personnes. Un agent a trouvé la mort et un autre membre des unités de police a succombé à ses blessures le lendemain de l'attaque. Du côté des visiteurs, on déplore deux morts, dont un commerçant marseillais âgé de 42 ans, père de trois enfants, selon des médias français dont BFM et LE PARISIEN.

Rappelons que le ministre de l'Intérieur Kamel Feki avait effectué une visite d'inspection à Djerba où il s'est arrêté sur les préparatifs et dispositifs sécuritaires pour l'organisation du pèlerinage de la Ghriba.

Il s'était rendu à cette occasion à l'aéroport international Djerba-Zarzis et Houmet Souk ainsi qu'à la synagogue de la Ghriba .

Du côté des réactions, Paris a condamné avec la plus grande fermeté cette attaque qui a causé la mort de quatre personnes dont un Français. Selon le communiqué du Quai d'Orsay, la France condamne fermement cet acte « odieux » et apporte son soutien aux familles des victimes.

Les États-Unis ont exprimé leurs regrets pour l'attentat qui s'est produit en Tunisie lors du pèlerinage juif qui attire des pèlerins du monde entier. Ils ont également présenté leurs condoléances au peuple tunisien et salué la riposte rapide des forces de sécurité tunisiennes. L'Allemagne à, à son tour, condamné fermement cette attaque.

Perez Trabelsi, président de la communauté Juive à Djerba, a déclaré que la situation est calme ce mercredi sur l'île de Djerba et a salué la rapide et vive réaction des unités de sécurité ainsi que leurs efforts visant à sécuriser les visiteurs.

Selon lui, au cours des 20 dernières années, la Ghriba n'a jamais drainé autant de visiteurs.

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