Tchad: Musique - Comment le reggae s'est fait une place au Tchad

Bob Marley

Au Tchad, le public célèbre ce 11 mai 2023 la musique reggae en mémoire de l'une de ses plus grandes figures : Bob Marley. Ce jeudi marque en effet l'anniversaire de sa disparition. Concerts, festivals sont programmés dans la capitale tchadienne et en province. Quelle place le reggae occupe-t-il dans ce pays ?

Des hommes portant des dreadlocks, en jeans ou affichant un tee-shirt vert, jaune et rouge, on en voit de plus en plus dans les rues de Ndjamena. Les titres de reggae ont, de leur côté, une place de choix dans les radios. Pour le public tchadien, le reggae est une façon de contester. « Les précurseurs de la musique reggae sont vraiment restés, ils transmettent des messages facilement », glisse un Tchadien. « C'est une musique d'expérience », souligne un autre. « C'est une musique qui est engagée. Le reggae peut dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, estime un troisième. Ça permet de conscientiser et de dénoncer les faits de société ».

Placide Ayreh, un des reggae men tchadiens les plus connus et aimés du public, explique : « Je suis rasta avant la création. Pour moi, c'est un moyen d'expression qui me sied bien. C'est une musique qui rassemble. J'ai confiance en la future génération, puisque même actuellement, je vois qu'il y a beaucoup de jeunes qui sont influencés, positivement surtout. Il y a de cela dix ans, quinze ans en arrière, l'effet du reggae dans notre société n'était pas de la sorte. »

Did's Mtato, de la jeune génération, partage la même vision : « J'aime beaucoup faire de l'acoustique au départ, pour arriver à joindre de l'acoustique au reggae. Du reggae world - world reggae, comme tout le monde le fait, je le fais aussi. Mais à un moment donné, quand j'arrive à prendre de l'acoustique et en faire du reggae, ça c'est un travail que je fais moi-même. »

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Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, le reggae est fredonné au Tchad depuis les années 1970. Mais ce n'est qu'au début des années 2000 que les premiers albums reggae sont apparus sur le marché musical.

Depuis Bob Marley jusqu'à aujourd'hui, si un Tchadien veut percer, il faudra qu'il apporte quelque chose de nouveau. Amener par exemple le balafon, ou bien la garaya, c'est ça la touche nouvelle que les gens recherchent, c'est ça l'adaptation que nous travaillons à faire du reggae. La garaya est un instrument traditionnel tchadien issu de deux cordes, qui est une sorte de cithare. Idriss est le principal joueur de garaya au Tchad. Nous allons le faire découvrir lors de ce festival. Et le balafon aussi, avec Jahkassa, notre tête d'affiche burkinabè qui est en train de venir. Il y a beaucoup de balafonistes ici au Tchad aussi, mais qui ne font pas encore ce travail que Jahkassa fait. Lui, il a déjà un pas en avant. Donc il va venir, il va essayer d'adapter, et puis sur scène, on va voir. Je suis sûr que ça va faire des émules dans le milieu des instrumentistes traditionnels tchadiens.

Abgué Boukar Christophe alias Guevara, promoteur artistique du festival Afro'On

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