Madagascar: Union Européenne - Un embargo plane sur les « black eyes »

L'UE alerte sur l'urgence de la nécessité d'une feuille de route pour assainir la filière « black eyes », sans laquelle le produit pourrait probablement faire l'objet d'un embargo.

Coup de tonnerre. « Il faut que Madagascar envoie un message clair à l'Union européenne sur ses exportations de black eyes » martèle Olivier Machiels, chargé de programme à l'UE. Depuis deux ans, Bruxelles avait déjà averti Madagascar du dépassement de la limite maximale en résidus de pesticide. Aujourd'hui, on parle de présence de chlorpyriphos, une matière interdite par les règlementations européennes. Les exportations sont donc menacées.

D'ailleurs, l'UE est très claire. « On met en place les règlementations parce qu' elles concernent les citoyens européens et débrouillez-vous! Nous avons des mesures d'accompagnement pour permettre aux opérateurs malgaches de respecter convenablement ces normes mais les dérogations ne sont pas prévues. Il faut mettre en place une feuille de route pour supprimer ces pesticides si vous voulez que le « black eyes » arrive sur le marché européen, et se mettre autour de la table pour avoir la teneur de cette mesure. Madagascar doit se renseigner sur les grandes règlementations auxquelles il est confronté aujourd'hui » renchérit-il.

Petit producteur

Le risque d'aboutir sur un embargo n'a pas été écarté et les conséquences seraient catastrophiques selon les discussions. « Cela va s'étendre sur tous les grains secs, tels les arachides, les pois et puis un certain nombre de mesures va devoir précéder la levée de l'embargo qui va durer 5 ans par exemple. Il faut tout faire pour éviter cela » a-t-on indiqué.

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Une discussion entre le ministère de l'Agriculture et de l'élevage et le secteur privé malgache dans ce sens a déjà été entamée. Mais les avis divergent. « D'un côté, nous sommes à l'approche de la saison de récolte alors que la pratique reste inchangée, c'est-à-dire présentant des risques de non-respect de la règlementation européenne. De l'autre, la filière emploie plusieurs milliers de personnes dans le pays et la suspension de la production et des exportations serait lourde de conséquence sur la vie de ces gens », explique un président de plateforme d'opérateurs de black eyes dans la région Boeny. En effet, Madagascar exporte environ 30.000 tonnes de niébé par an soit une valeur de plus de 30 millions de dollars.

« Madagascar n'est pas un grand producteur de « black eyes » » souligne l'opérateur. Comparé à l'Inde ou aux autres pays d'Afrique de l'ouest, nous avons une petite part de marché, qui est d'ailleurs substituable. « Il y a beaucoup de pays en Afrique de l'ouest qui exportent tous les jours vers l'UE et qui n'ont aucun refoulement, et encore moins une notification. Il faut voir comment on fait ailleurs, envoyer des jeunes agronomes et des techniciens suivre la production et les pratiques sous d'autres cieux » suggère Olivier Machiels.

En effet, à Madagascar le circuit de la collecte et du stockage de niébé n'a pas une bonne traçabilité. Les agriculteurs stockent leurs récoltes pendant un à deux ans avant d'exporter, et entre temps ils les pulvérisent de toute sorte d'insecticides pour éviter les moisissures et les insectes.

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