Madagascar: Élection - Andrianarisedo Dama rassure sur la tenue de la présidentielle

Le Président de la CENI affirme que l'élection présidentielle se tiendra bel et bien cette année. Une intervention qui n'est pas anodine alors que le débat sur l'opportunité ou non d'une Transition agite le microcosme politique.

Cash. Andrianarisedo Retaf Arsène Dama, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), n'a pas tergiversé, hier, à Antsirabe. Dans des mots concis et fermes, en réponse à la presse, il affirme, "il y aura impérativement une élection présidentielle cette année".

De prime abord, le patron de la CENI veut rassurer l'opinion publique. Andrianarisedo Retaf Arsène Dama n'a pas été plus parlant hier, à Antsirabe. Défendant la tenue de la course à la magistrature suprême cette année, il a mis en avant le fait qu'il s'agisse d'un impératif constitutionnel.

Le quinquennat de Andry Rajoelina, président de la République, arrive à échéance le 19 janvier 2024. La loi fondamentale dispose que "l'élection du président de la République a lieu trente jours au moins, et soixante jours au plus, avant l'expiration du mandat du Président en exercice".

La CENI a ainsi bétonné la position affirmée par Andrianarisedo Retaf Arsène Dama, en publiant une proposition de calendrier électoral, à savoir le 9 novembre pour le premier tour et le 20 décembre pour la deuxième manche. Réaffirmer une nouvelle fois et de vive voix que la présidentielle se tiendra cette année pourrait être imposée par le contexte du moment.

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Ces derniers jours, en effet, les débats au sein du microcosme politique sont animés par l'opportunité ou non d'une Transition avant la course à la magistrature suprême, quitte à repousser l'échéance électorale.

La nécessité d'une réforme préalable du cadre légal et institutionnel des élections est l'un des motifs avancés par les partisans de cette option. Une fois de plus, visiblement, le patron de la CENI a estimé nécessaire de mettre les choses au clair afin de taire les appréhensions.

Avant lui, Lalatiana Rakotondrazafy, ministre de la Communication et de la culture, a affirmé, mardi, que le pouvoir "n'a nullement l'idée de mettre en place une Transition". Sur sa lancée, la porte-parole du gouvernement a ajouté que l'Exécutif "n'a pas d'autres agendas majeurs, sur le plan politique, que l'élection présidentielle".

En février, déjà, le président de la CENI a renchéri ceux de Christian Ntsay, Premier ministre. Durant son interview sur la chaîne publique, TVM, en janvier, le locataire de Mahazoarivo a assuré que la course à la magistrature suprême se tiendra cette année. Des figures de l'opposition affirment aussi s'opposer à une Transition et veulent une élection suivant les échéances constitutionnelles.

Confiant

Seulement, la concordance des discours du patron de la Commission électorale et l'Exécutif ne semble cependant pas suffire à rassurer l'ensemble de l'opinion publique vis-à-vis de la tenue de la présidentielle cette année. La persistance de quelques incertitudes vis-à-vis du scrutin présidentiel pourrait expliquer cette appréhension.

Il y a celle sur la refonte de la liste électorale, dont la CENI est le principal référent. Mobiliser les démembrements de la CENI en cette dernière ligne droite de la période de refonte de la liste des électeurs est justement la raison de la tournée de Andrianarisedo Retaf Arsène Dama dans les grandes villes du Sud du pays cette semaine. Seulement, le dernier bilan de la refonte indique que moins de 10 millions d'électeurs sont recensés et inscrits jusqu'à l'heure.

Moins que lors des derniers suffrages universels directs donc. La refonte de la liste électorale sera pourtant définitivement clôturée à la fin du mois. Ce climat d'incertitude et d'appréhension peut aussi s'expliquer par l'attente de l'officialisation du calendrier électoral. La loi sur le régime général des élections dispose qu'il appartient au gouvernement d'officialiser le calendrier.

Ceci, par un décret de convocation des électeurs quatre-vingt-dix jours au moins avant la date du scrutin. Certes, le gouvernement est toujours dans les temps à s'en tenir à la date du 9 novembre. Seulement, officialiser les dates des votes pourrait taire les hypothèses parfois farfelues et les incertitudes. L'autre raison des incertitudes est le budget électoral. Le montant prévisionnel avancé par la CENI pour l'organisation de la présidentielle est réduit de moitié.

Selon Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, l'Exécutif affirme son intention de prendre en charge les dépenses. Il faudra effectivement que l'État mette le plein puisqu'à s'en tenir aux propos de Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de la délégation de l'Union européenne (UE), la contribution internationale pourrait n'être que "marginale".

La tournure des débats politiques vient renforcer le sentiment d'appréhension vis-à-vis de la présidentielle. Le vécu à Madagascar témoigne que les accords, les arrangements, ou les heurts politiques peuvent briser les impératifs constitutionnels.

Dans son interview publiée par Le Point, lundi, le président Andry Rajoelina soutient toutefois, "je suis confiant, car nous avons mis en place les conditions nécessaires pour garantir des élections pacifiques, libres et justes". Pour les tenants du pouvoir, visiblement, il n'y a pas de doute sur la tenue de la présidentielle cette année. Il ne reste plus alors qu'à l'officialiser en convoquant les électeurs.

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