Afrique: Antananarivo au tableau d'honneur

Le général de division Gabriel Ramanantsoa reçoit, le 18 mai 1972, les pleins pouvoirs des mains du président de la République, Philibert Tsiranana. Un an plus tard, du 21 au 23 mars 1973, le chef du gouvernement mène dans le Nord-Ouest, surtout à Mahajanga, « une tournée triomphale », précise Georges Ramamonjisoa, chroniqueur politique du Bulletin de Madagascar.

Pourtant, durant toute la semaine précédente, des rumeurs persistantes font état « d'un éventuel règlement de compte entre Merina et Côtiers », dans la capitale. Des tracts, mis en circulation, incitent ainsi les Tananariviens à chasser d'Antananarivo les Côtiers qui y résident, « en représailles des actes de vandalisme qui avaient été commis à Tamatave ou Diego-Suarez ; ils leur donnaient rendez-vous pour le 24 mars à 14h30 ».

Mais les Tananariviens gardent leur calme et leur sérénité : pas un seul manifestant ne se présente au lieu du soi-disant rendez-vous. Dans un communiqué du 25 mars, le ministre de l'Intérieur, le colonel Richard Ratsimandrava salue l'attitude de la population de la capitale qui « a montré par son calme, son aversion pour les manoeuvres subversives et de division. Il est, une fois de plus, prouvé que ces manoeuvres néfastes sont le fait d'une minorité ».

Le 26 mars, le quotidien d'information Madagascar-Matin écrit : « Ce calme devra être compté comme un bon point pour les Tananariviens, qu'ils soient Merina ou originaires des Côtes. Le moindre signe de panique aurait fait le jeu des trublions qui auraient profité du climat ainsi créé. »

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De nombreux journaux en malgache félicitent les Tananariviens et louent leur sagesse. L'hebdomadaire Hehy de tendance AKFM, dans sa livraison du 26 mars, souligne : « Tananarive a su préserver l'unité nationale »; Basy vava (resampiste) titre : « Tananarive a fait preuve de sagesse»; de même Maraina vaovao (indépendant) :

« À Tananarive, la sagesse l'a emporté ». Enfin, l'Agence Madagascar-Presse commente: « Ceux qui ont pris l'habitude de croire à un faux problème ethnique, devraient avouer qu'ils sont dépassés et qu'ils n'ont rien compris à l'évolution de la mentalité malgache. » Georges Ramamonjisoa précise d'ailleurs que cet « échec cuisant infligé aux fauteurs de troubles » a été prédit par la majorité de la presse, les partis politiques et associations diverses.

Dans leur quasi-unanimité, ils ont dénoncé et condamné le mouvement. Imongo vaovao (AKFM) du 21 mars : « Les impérialistes et leurs valets n'acceptent pas leur défaite. Il appartient au peuple d'user de vigilance et de ne pas hésiter à dénoncer les ennemis de la Nation. » Hehy du même jour : « Certes, les Merina ont été victimes des troubles dans les régions côtières.

Mais il suffit d'une petite réflexion pour comprendre que les auteurs de ces troubles sont les ennemis de la Nation. Les Merina sauront maîtriser leurs ressentiments. » Hita sy re (AKFM) du 22 mars :

« Tananarive est une capitale commune : les manoeuvres des trublions mercenaires y seront vouées à l'échec. » Maresaka (indépendant) du même jour : « Le simple bon sens empêchera les habitants de l'Imerina de chasser des Malgaches comme eux.»

Parallèlement, le Parti du congrès de l'indépendance de Madagascar (AKFM) du pasteur Richard Andriamanjato, l'Union des opposants pour la défense des droits des citoyens de M. Rakotoarimaha, le Parti républicain de Me Adrien Ramboa, le mouvement national pour l'indépendance de Madagascar (Monima) de Monja Jaona, branche d'Antananarivo, le comité des Jeunes chômeurs malgaches (Zoam) de la capitale, le parti d'extrême gauche MFM de Manandafy Rakotonirina se sont vigoureusement prononcés contre toute tentative de troubles.

Terminons par le numéro de la revue bimensuelle Afrique-Asie du 19 mars: « Thème classique à Madagascar : le colonialisme s'est toujours efforcé d'exaspérer entre Merina et Côtiers des rivalités tribales, dont les bases, fort anciennes, sont aujourd'hui dans l'ensemble dépassées. »

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