Soudan: «Les forces d'Hemedti sont prêtes à envisager un cessez-le-feu mais l'armée n'en veut pas»

Une vue aérienne des combats et de la violence qui ont éclaté à Khartoum, au Soudan.

Au Soudan, les combats font toujours rage, un mois après le début des hostilités entre l'armée dirigée par le général Al-Burhan et les paramilitaires du général Hemedti. Les deux camps ont certes signé le 12 mai 2023 en Arabie saoudite la déclaration de Djeddah, un document destiné à protéger les civils, mais le chercheur Roland Marchal explique pourquoi, sur le terrain, « ce n'est pas suivi ».

Au Soudan, plus de trois jours après la signature de la déclaration de Djeddah par les belligérants, un document destiné à protéger les civils, la situation ne semble guère avoir évolué sur le terrain.

Les combats entre les troupes du général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR, ou RSF en anglais), du général Mohamed Hamdan Dogolo dit Hemedti, se poursuivent, toujours aussi violemment. Ce qui empêche la mise en place de passages sécurisés pour à la fois permettre aux civils de fuir et favoriser l'acheminement de l'aide humanitaire.

« Les FSR se battent dans quelque chose qui s'approche de la guérilla urbaine »

Un statu quo qui n'étonne guère Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po. « Évidemment, ce n'est pas suivi, souligne-t-il au micro de Pierre Firtion. Fondamentalement, l'armée bombarde, et les RSF se battent dans quelque chose qui s'approche de la guérilla urbaine. Donc tout le sens du combat, c'est d'être dans une ville. Ce n'est pas forcément d'utiliser les civils comme protection, mais quand même de se mettre dans des habitations civiles, ce qui pose un énorme problème pour le général Burhan et l'aviation, qui bombardent, quand même, très généreusement des habitations civiles. À partir de quel moment ça deviendra des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité ? Évidemment, c'est le pari que fait Hemedti ».

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Dans ce contexte, comment obliger les deux généraux à observer une vraie trêve ? Qu'est-ce qui pourrait obliger les belligérants à accepter un cessez-le-feu à court terme ? Pour Roland Marchal, les deux camps ne sont pas sur la même ligne, sur le sujet. « Je crois que le cessez-le-feu, les forces d'Hemedti sont prêtes à l'envisager de façon très sereine, estime-t-il. Mais l'armée n'en veut pas, et l'armée n'en veut pas pour deux raisons : la première, c'est qu'elle est convaincue de gagner à terme. Et la deuxième chose, c'est que les islamistes ont réellement repris un ascendant par une présence qui a été continue dans l'appareil militaire, et que les islamistes ne veulent pas entendre parler d'un processus politique de quelque nature qu'il soit. Ce qui fait que Burhan, pour garder les forces armées unifiées sous son commandement, est obligé de jouer une carte qui peut-être n'aurait pas été la sienne s'il avait eu un contrôle à cent pour cent des effectifs et des officiers ».

Depuis le 15 avril 2023, les combats entre armée et paramilitaires ont déjà fait plus de 750 morts, 5 000 blessés et plus de 900 000 déplacés et réfugiés. Ils opposent le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, à son ancien second Hemedti.

En 2021, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute en 2019 du dictateur Omar el-Béchir. Mais ils se sont ensuite divisés sur la question de l'intégration des paramilitaires dans l'armée.

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