Afrique Centrale: Cameroun - A Douala, les habitants délogés du quartier Dikolo résistent encore

Les habitants de Dikolo, un petit quartier niché en plein coeur de Douala se sont réunis dimanche 14 mai pour marquer un an du brutal déguerpissement dont ils avaient été victimes en mai 2022. Les autorités de la ville avaient attribué les terres qu'ils considèrent comme leur village à un promoteur privé qui compte y construire un grand hôtel.

À Dikolo, un petit îlot foncier coincé entre les quartiers résidentiels de Bali et Bonanjo, la nature a repris ses droits. Sur un peu plus de quatre hectares, il n'y a que de la broussaille à perte de vue. « Toutes les maisons ont été détruites, il y a de la verdure partout, des arbres ont poussé, de l'herbe a poussé, le terrain est devenu une sorte de forêt vierge », décrit Patrick Moundissa Bell, représentant des victimes de Dikolo.

Dikolo a abrité jusqu'à 1 000 habitants il y a encore un an. Aujourd'hui, tous ont été disséminés aux quatre coins de la ville. Mais sur le site, un dernier fait de la résistance : Étienne, qui dit n'avoir nulle part où aller, y a érigé une baraque en planche de 6 m2. Il y vit tout seul, sa femme et ses enfants ayant été contraints de trouver refuge ailleurs. « Je ne suis pas parti, je n'en suis jamais parti parce que j'estime que je suis chez moi, témoigne-t-il. Quelqu'un est venu et par devoir malicieux, il m'a mis dehors. J'ai dit que je ne partais pas parce que je ne quitte pas Douala, en fait. Je suis là depuis, je n'ai jamais bougé. »

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Les habitants de Dikolo avaient été déguerpis pour laisser place à un vaste projet de complexe hôtelier qui était annoncé. Pour l'instant, ils ont réussi à stopper le démarrage du projet et maintiennent leurs exigences. « Ce que nous attendons, c'est réparation, c'est dédommagement, c'est réparer tous les préjudices que nous avons subis et de nous redonner notre pour qu'on puisse reconstruire nos maisons, explique Patrick Moundissa Bell. Nous sommes déterminés à revenir sur nos terres, même s'il faut y laisser notre vie. »

Au plus fort de l'affaire, en mai 2022, le gouvernement avait annoncé l'ouverture d'une enquête sur ce qui s'apparentait alors en scandale. À Dikolo, ces résultats restent attendus.

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