Afrique: La zone de libre-échange africaine pourrait stimuler une croissance durable, selon Guterres

António Guterres
24 Mai 2023

La croissance robuste que de nombreux pays africains ont connue avant la COVID-19 a été perdue à cause de la pandémie, a averti mercredi le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, soulignant la nécessité d'intensifier les efforts en vue de la création d'un marché commercial unique sur le continent.

Intervenant au dernier jour des Dialogues sur l'Afrique 2023 qui se sont déroulés au Siège de l'ONU à New York sous le thème : « Marché et échelle : Déverrouiller l'industrialisation grâce au commerce intra-africain », M. Guterres s'est félicité que les pays aient choisi de se focaliser sur l'industrialisation et le commerce alors que le continent est miné par de nombreuses crises, qui ne sont pas de son fait.

Le chef de l'ONU a affirmé que la zone de libre-échange continentale africaine « a vocation à devenir la plus grande zone de libre-échange au monde » et elle doit apporter de nouvelles opportunités d'investissement et de commerce, renforcer la résilience des économies africaines et réduire les vulnérabilités aux chocs extérieurs.

Exploiter le potentiel

Malgré la grande richesse » naturelle, humaine, culturelle et entrepreneuriale » ainsi que « l'espoir, l'énergie et le potentiel illimité des Africains », une série d'obstacles historiques et économiques empêchent le continent d'occuper la place qui lui revient sur la scène mondiale, a regretté M. Guterres.

Selon lui, la pandémie a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, aggravée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ce qui a exacerbé la pauvreté, les inégalités et l'insécurité alimentaire.

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Les gouvernements ont également été confrontés à la hausse des taux d'intérêt, augmentant le potentiel d'endettement, tandis que le changement climatique a créé des inondations et des sécheresses meurtrières, contribuant au risque de famine.

Des millions de personnes pourraient échapper à la pauvreté

« Guidés par le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et l'Agenda 2063 de l'Union africaine, nous devons redoubler d'efforts et exploiter tout le potentiel du commerce et de l'industrialisation pour faire progresser une croissance durable et inclusive », a déclaré le chef de l'ONU aux participants.

« Made in Africa »

Il a affirmé que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) devrait être un moteur de cette croissance. « Sa mise en oeuvre complète pourrait générer des gains de revenus allant jusqu'à 9% d'ici 2035, selon les dernières estimations. Cela permettrait à 50 millions de personnes de sortir de l'extrême pauvreté et de réduire les inégalités de revenus », a-t-il ajouté.

Toutefois, pour y arriver, la ZLECAf nécessiterait une action dans quatre domaines essentiels, à commencer par l'amélioration de l'accès aux ressources financières et à l'investissement.

« Nous avons besoin d'une réforme fondamentale du système financier mondial afin que l'Afrique soit représentée au plus haut niveau », a-t-il dit.

Les obstacles qui freinent le commerce intra-africain et les capacités de production doivent également être éliminés, notamment par la suppression des droits de douane, la mise en place de chaînes d'approvisionnement « Made in Africa » et l'harmonisation des réglementations qui permettraient les investissements.

Tirer parti de l'énergie et de la technologie

Le chef de l'ONU a affirmé que l'énergie et ses technologies numériques sont des « éléments essentiels pour renforcer les capacités de production africaines et exploiter pleinement le potentiel d'entreprenariat et d'innovation africain ».

« Nous devons stimuler l'industrialisation de l'Afrique et tirer parti des nouvelles technologies pour dépasser les infrastructures obsolètes et nous diriger tout droit vers la quatrième révolution industrielle », a déclaré M. Guterres.

L'Afrique dispose de ressources qui pourraient en faire un leader dans le domaine des énergies propres, a-t-il ajouté, et ce secteur pourrait générer plus de six millions d'emplois d'ici le milieu du siècle.

« La capacité de production d'énergie renouvelable de l'Afrique subsaharienne - solaire, éolienne terrestre et hydroélectrique - devrait presque doubler d'ici à 2027 », a-t-il estimé, soulignant toutefois que « l'Afrique n'a reçu que 2% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables au cours de la dernière décennie ».

Investir dans le capital humain

Enfin, le chef de l'ONU a insisté sur l'investissement dans le capital humain, « la population dynamique, jeune et innovante de l'Afrique » représentant à la fois « une main-d'oeuvre dynamique et un marché gigantesque ».

La création d'emplois décents, en particulier pour les femmes, et la promotion de l'éducation, de la formation et de l'apprentissage tout au long de la vie sont les meilleurs moyens d'assurer la prospérité de l'Afrique.

« Nous savons qu'un développement inclusif, équitable et durable représente un terreau fertile pour la paix et constitue le meilleur outil de prévention des conflits », a conclu le chef de l'ONU.

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