Sénégal: Procès Ousmane Sonko - Aujourd'hui, le verdict de tous les dangers

Des manifestants fuient les gaz lacrymogènes à Dakar, au Sénégal, le 30 mars 2023.

Hier s'est ouvert à Dakar le dialogue national politique promis par le président Macky Sall au lendemain de sa réélection en 2019. Un rendez-vous voulu par le chef de l'Etat « afin de trouver des consensus autour de questions majeures relatives à la vie nationale et à l'avenir du pays ».

Le moins que l'on puisse dire est que ce jamboree politique vient à propos dans le contexte actuel où de nombreux nuages noirs s'amoncellent au-dessus de la Teranga, au point de menacer la stabilité politique et la paix sociale d'un pays qui a toujours fait figure d'exemple en Afrique.

Mais hélas, ce dialogue national a des allures de dialogue de sourd puisque plusieurs partis d'opposition dont le PASTEF d'Ousmane Sonko et le F24, une coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile, ont décidé de ne pas répondre à l'appel du chef de l'Etat. Le F24 entendait même organiser au moment où s'ouvrait le dialogue politique un contre-dialogue avec comme objectif primordial de barrer la route à Macky Sall, accusé à tort ou à raison de vouloir briguer un troisième mandat. Finalement elle en a été empêchée par le préfet de Dakar faute d'autorisation.

A ce climat politique déjà délétère fait de méfiance entre les différents acteurs, s'ajoute une autre donne tout aussi redoutable, voire hautement inflammable.

C'est en effet aujourd'hui 1er juin 2023 qu'est attendu le délibéré du procès d'Ousmane Sonko poursuivi pour « viols répétés et menaces de mort » sur la personne d'Adji Sarr depuis l'affaire de la masseuse la plus célèbre du Sénégal.

Ouvert le 16 mai dernier, le procès a repris le 23 mai en l'absence de l'accusé et de ses avocats et s'est poursuivi tard dans la nuit par un réquisitoire sans ambages du procureur : 10 ans de réclusion criminelle ferme, et cinq autres d'emprisonnement pour corruption de la jeunesse.

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Cette proposition de peine du parquet donne-t-elle déjà un aperçu de ce que sera le sort définitif de celui qui s'est rebellé contre l'institution judiciaire et se dit victime d'une cabale politique visant à l'exclure de la présidentielle de 2024 ? Le dernier mot reviendra en tout cas au président du tribunal qui a, au bout de ses lèvres, l'avenir du pays.

Quand bien même certains estiment que le magistrat ne suivra pas à la lettre le procureur, il n'en demeure pas moins que tout verdict qui compromettrait l'éligibilité de l'enfant terrible de la politique sénégalaise est susceptible d'embraser le pays.

Déjà les différentes convocations de l'accusé ont donné lieu à des scènes de violence aussi bien à Dakar qu'à Ziguinchor, son fief politique, occasionnant des pertes en vie humaine et des dégâts matériels.

Actuellement en résidence surveillée après son arrestation musclée sur l'itinéraire de sa « caravane de la liberté » qui devait le conduire de la capitale casamançaise à Dakar, Ousmane Sonko a appelé les Sénégalais à « se lever comme un seul homme contre le pouvoir ».

Que va donc faire le pauvre président du tribunal dans ce procès aux confins de la justice et de la politique ?

Va-t-il au nom de la paix sociale avoir la main moins lourde si jamais le leader du PASTEF était reconnu coupable ou va-t-il aller dans le sens contraire, à moins qu'il ne le relaxe tout simplement ? Une chose est sûre, le nuit dernière aura été l'une des plus longues de l'histoire du Sénégal et la journée d'aujourd'hui s'annonce comme celle de tous les dangers.

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