Madagascar: Bonne conduite, mauvais traitement

Ça commence bien. On prétend établir une charte de bonne conduite des partis politiques et on commence par un tri et une exclusion dont on ignore les critères. Sur les centaines de partis politiques recensés au ministère de l'Intérieur et de la décentralisation, dix seulement ont été invités par Friedrich Ebert Siftung et l'Union Européenne à débattre depuis hier sur une charte de bonne conduite des partis politiques que les participants valideront après dix jours de discussions.

Si l'intention est bonne, la manière a de quoi offusquer certains partis. Il est vrai qu'il y a plus de particules que de partis mais on se demande l'efficience et le pouvoir d'exécution d'une charte réservée à quelques partis. Deux partis plus ou moins grands ont été royalement écartés de cette concertation. Le parti Freedom qui compte quelques députés et quelques maires et dont le président siège au sein du gouvernement et l'ADN qui est membre de l'International libéral et qui avait quelques élus dans la précédente administration.

Dans une moindre mesure, le Monima de l'ancien Premier ministre Monja Roindefo, un des plus anciens partis tout comme l'Akfm Fanavaozana de l'ancien ministre Ny Hasina Andriamanjato et Hiaraka Isika de l'ancien Premier ministre Camille Vital figurent parmi les partis rejetés. On s'étonne donc de la mise à l'écart de ces partis alors que les initiateurs ont l'ambition d'établir une charte validée et respectée par le monde politique. Il est impossible d'imposer une charte validée par dix partis aux composantes de l'univers politique.

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En outre, une charte née dans une volonté manifeste d'exclusion n'a aucune chance de pouvoir rassembler tous les acteurs politiques. La charte aura beau être validée, elle n'aura aucune force exécutoire. D'ailleurs il n'est pas sûr qu'elle sera validée par les participants issus de tous les bords politiques. Vu l'enjeu électoral et les pratiques politiques en vigueur, une charte ne pourra jamais satisfaire les uns et garantir les intérêts des autres. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'on tente une telle expérience.

Une première tentative avait eu lieu il y a quelques années mais elle a fini en queue de poisson. On ne voit pas comment cette nouvelle tentative pourrait aboutir étant donné que fondamentalement rien n'a changé ni le climat politique ni les acteurs politiques. Mais qui sait, l'objectif va peut-être au-delà de la validation d'une charte. C'est peut-être une diversion ou manoeuvre dilatoire pour pousser le bouchon le plus loin possible pour que tout explose.

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