Madagascar: Syed Saïd Ben fait bon coeur contre mauvaise fortune

Le surlendemain de l'arrivée des émissaires de Ranavalona Ire à Zanzibar, le gouverneur de la ville les reçoit et leur annonce que le sultan Syed Saïd Ben (Syyed Saïd Ibn) est à Mascate et qui les recevra le dimanche suivant (lire précédente Note). C'est la première fois, dans l'histoire diplomatique de la Grande ile, que des ambassadeurs malgaches sont reçus par un chef d'État du continent africain.

Cependant, ce n'est que la réception officielle durant laquelle ils doivent se contenter de remettre au sultan le message écrit par leur reine, selon le protocole déjà établi avec Syed Seliman Ahmed, gouverneur de Zanzibar. Puis ils se retirent. Le dimanche, le sultan envoie Abdallah Khader (Bodalakadiry) pour s'enquérir des précisions sur le contenu de la lettre de la reine de Madagascar.

Il semble s'inquiéter de l'absence de toute allusion aux deux mille soldats qu'il demande. Le haut dignitaire devra revenir le lundi pour poser des questions sur le contenu des lettres confiées à Khamisi et Ifadily, tout en soulignant que le sultan les recevra le vendredi suivant. Durant cette seconde entrevue, il est surtout question de la mission de son premier émissaire, Khamisi Ben Osman.

C'est alors que le sultan précise qu'il a besoin de ces deux mille soldats pour conquérir Mombasa. Les Malgaches répondent que « Ranavalomanjaka n'a pas d'ennemis au-delà des mers, ses Douze ancêtres non plus, et qu'elle n'enverrait pas les soldats ». Syed Saïd Ben, bien que déçu, n'en fait pas un problème, même si sa demande s'explique « par l'amitié qui unit les deux souverains ».

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Les ambassadeurs malgaches sont reçus une troisième fois par le sultan avant leur départ. Et même si celui-ci n'a pas obtenu les renforts souhaités, il expédie à la reine quatre cents mousquets, des chevaux et des perles de corail. En revanche, il écrit à la reine pour lui demander qu'à l'avenir, « on ne saisisse pas les armes de ses sujets lorsqu'ils descendent à terre à Madagascar ». Il souhaite qu'avant de quitter le bord, « on les avertit qu'il est interdit de se promener en armes sur la terre malgache ».

Le sultan d'Oman, Zanzibar et Mascate meurt en laissant deux fils, l'ainé Syed Salem, le cadet Syed Saïd âgé de 15 ans. Bedeur Ben Sif, à la fois cousin des princes et leur oncle maternel, règne et pour continuer à le faire à leur majorité, il donne aux deux princes le gouvernement de deux villes pour les occuper. Salem reçoit Monsanah et Syed, Beurka. C'est dans cette ville que leur oncle périra à la suite d'une échauffourée avec les fidèles de Syed Saïd. Ce dernier, poursuivi par les fidèles de Bedeur, ne doit son salut qu'à la fuite à Mascate.

Quarante jours après la mort de son oncle, il est proclamé sultan de Mascate et d'autres lieux à 16 ans, mais il n'en sera jamais l'imam. Ce titre qui est une dignité religieuse, n'est décerné que sous conditions qu'il ne remplit pas. Mais dès son accession au pouvoir, il est accablé de révoltes et trahisons. Les Ouahbites sont les plus acharnés à combattre le nouveau sultan.

En 1809, ces pirates détruisent la flotte de Syed Saïd Ben et s'emparent même du vaisseau anglais Minerve. C'était s'attaquer à l'Angleterre. Aussi le sultan et les Anglais concluent-ils un pacte pour se débarrasser des pirates. Le 9 novembre 1809, une grande bataille navale détruit la flotte des pirates, plus de cent vingt Dao sont coulés, le reste est capturé. Mais les Anglais quittent les eaux d'Oman et le sultan Syed Saïd Ben se retrouve seul et bientôt, il se trouve enfermé dans Mascate.

Jusqu'en 1819, son règne n'est qu'une succession de batailles gagnées ou perdues. De nouveau, en 1819, les Anglais organisent une nouvelle expédition contre les pirates. Mais cette aide se traduit pour Syed Saïd Ben par l'obligation de signer avec Moresby, en 1820, un traité qui abolit le trafic d'esclaves, principal revenu de cette partie de l'Afrique.

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