Afrique: Terrorisme - De nouvelles stratégies militaires s'avèrent nécessaires pour contrer les djihadistes

Au moment où les islamistes multiplient des attaques en Afrique, les chefs militaires en charge de la lutte antidjihadiste ne devriont plus dormir sur leurs lauriers, mais oeuvrer au renforcement des capacités de leurs unités pour que des pans de leur pays ne tombent pas sous le contrôle des insurgés de toute obédience. L'assaut meurtrier perpétré par des shebab contre la base militaire de l'Union africaine (UA) en Somalie et ceux commis en Afrique de l'Ouest et ailleurs, en appellent à de nouvelles stratégies pour combattre le terrorisme.

Les dirigeants africains ne devront plus demander à leur armée d'intervenir à la défensive pour chasser les fondamentalistes musulmans dans les régions qu'ils opèrent comme cela a souvent été le cas, mais plutôt chercher à prendre des initiatives d'actions offensives. Ce qui empêchera le djihadisme de gagner du terrain en Afrique. Pour y parvenir, des exercices militaires à l'instar du « Flintlock », qui vise à renforcer les capacités opérationnelles des armées africaines dans la lutte antidjihadiste, sous le commandement de l'armée américaine, devraient être assez fréquents.

Au sortir de la dernière édition du Flintlock, les treize Etats et soldats ayant participé à la formation à l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) à Jacqueville, en Côte d'Ivoire, gardent encore des souvenirs épatants d'une telle rencontre. Ils veulent que des opérations similaires soient organisées de temps en temps pour permettre aux délégations, à leur retour, de former des contingents entiers dans leur pays. Tous regrettent le fait que le Mali et le Burkina Faso, deux pays confrontés à de multiples attaques djihadistes, exclus de la Cédéao et de l'UA, ne soient pas autorisés à profiter des formations de l'AILCT. Cette école a été créée en 2021 par la France et la Côte d'Ivoire, qui ont été ensuite rejoints par l'UE, l'UA, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le Canada, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Australie, la Suisse, et les Etats-Unis.

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Quelque 1.300 soldats venus de 29 pays s'étaient retrouvés à l'AILCT cette année, dont 900 au Ghana et 400 en Côte d'Ivoire pour une formation de lutte contre le terrorisme. Pour le continent africain, les Etats ayant participé à la dernière édition du Flintlock sont notamment l'Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Cameroun, le Cap-Vert, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Tchad, le Togo et la Tunisie.

Pour contrer les insurrections djihadistes, l'UA déploie certes des forces dans les Etats touchés par le djihadisme comme, en Somalie, où elle dispose de 20.000 militaires.

Le succès passe par la coopération avec des partenaires chevronnés

Ces soldats de la paix font un travail remarquable en dépit de nombreuses pertes humaines enregistrées, mais ils feraient mieux s'ils étaient recyclés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. C'est pour cette raison que l'on se demande pourquoi des nations comme la Somalie et le Mozambique qui sont confrontés aux attaques récurrentes de djihadistes n'ont-elles pas participé au Flintlock qui dispense une bonne formation ?

Fred Asante, un responsable de la police ghanéenne, à la base militaire de Daboya, dans le nord du Ghana, évoque l'importance de cette formation : « Nous avons appris beaucoup. Cela nous met en situation sur le terrain, et nous avons été formés pour rassembler des données sur une scène de crime avant qu'elles soient compromises. Nous avons besoin de davantage d'entraînements de ce genre ». « C'est un exercice formidable pour que nous puissions continuer à apprendre de nouvelles choses », a renchéri le commandant ghanéen Seth Dzakpasu.

En matière de renforcement des capacités de leurs armées, les pays africains devraient continuer à coopérer avec d'autres partenaires expérimentés tels que la France et l'UE qui n'ont cessé de réaffirmer leur engagement dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. C'est fort de l'expérience de Paris dans ce domaine que la secrétaire d'Etat française au développement, Chrysoula Zacharopoulou a déclaré : « Vous pouvez toujours compter sur l'engagement total et déterminé de la France dans ce projet (...) à l'heure où d'autres puissances ne font que du partenariat sécuritaire via leurs milices ». Elle s'adressait aux dirigeants africains et se référait au groupe paramilitaire russe Wagner, présent dans certains de leurs Etats. « Nous avons besoin de développer la formation, l'équipement, la recherche, d'augmenter les capacités d'accueil et d'ouvrir encore l'AILCT à de nouveaux pays », a-t-elle ajouté, précisant que la France a environ 2.500 soldats au Sahel, dont 1.500 au Niger et 1.000 au Tchad.

Chrysoula Zacharopoulou qui a visité l'AILCT s'est réjouie qu'elle soit l'« une des armes les plus modernes, efficaces et durables, dans la lutte contre le terrorisme » qui mine les pays du Sahel, le Mozamnbique et la Somalie, empêchant « des centaines de millions de personnes de vivre sereinement, de se projeter et des régions entières de se développer ».

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