Afrique: Football - « En Arabie saoudite, les cinq grands clubs valent des équipes de Ligue 1 »

interview

Karim Benzema, le Ballon d'Or français, rejoint Al-Ittihad en Arabie saoudite, loin de l'Europe et du Real Madrid avec lequel il a brillé pendant 14 ans. Dans le championnat saoudien, il touchera beaucoup d'argent et il retrouvera son ancien coéquipier, Cristiano Ronaldo. L'ancien international malgache Fanéva Andriatsima, qui a joué en Ligue 2 française, n'est pas étonné. L'attaquant, et ancien capitaine emblématique des Barea, a évolué en Arabie Saoudite en 2019 et 2020, dans deux clubs relativement modestes, Abha et Al-Fayha. Il en garde de très bons souvenirs.

RFI: Faneva, vous avez rejoint l'Arabie saoudite en 2019. Qu'est-ce qui vous motivez à l'époque et dans quel état d'esprit étiez-vous au moment de vous envoler dans ce championnat loin de l'Europe ?

Faneva Andriatsima: À l'époque, j'avais deux possibilités : aller au Qatar ou en Arabie saoudite. Je penchais plutôt pour le Qatar, mais j'ai choisi l'Arabie saoudite finalement parce qu'il y avait beaucoup plus d'étrangers qui jouaient dans ce championnat. Au Qatar, le nombre d'étrangers par équipe était limité à trois, ce qui n'était pas le cas en Arabie saoudite. Pour moi, cela montrait que ce pays était plus professionnel avec des joueurs étrangers qui pouvaient rehausser le niveau

Justement, une fois là-bas, est-ce que le niveau était conforme à ce que vous attendiez ?

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Oui, franchement ! J'étais dans un club qui venait de monter [Abha, Ndlr], on jouait sur une bonne pelouse, un stade qui était rempli. Mon premier match, c'était contre Al Hilal et c'était à guichets fermés. C'était impressionnant.

Face à nous, c'était une équipe très forte avec de grands joueurs, avec des principes de jeu comme en Europe. C'est une équipe qui a quand même disputé une demi-finale de Coupe du monde des clubs. Donc, dès ce premier match, je rends compte que c'est un championnat incroyable, je ne pensais pas du tout ça au début.

À Riyad, la capitale, il y a deux grands clubs, Al Hilal et Al Shabab. À Djeddah, il y a Al Ittihad qui est très populaire. Franchement, il y a quatre ou cinq grands clubs dans le pays qui n'ont rien à envier aux clubs de Ligue 1 dans les infrastructures, les centre d'entraînement, les académies de football.

Si vous pouviez vous adresser à Karim Benzema qui vient de signer à Al Ittihad, et qui a connu la Ligue des champions, la Liga, vous lui diriez quoi en termes de niveau technique pour décrire le championnat saoudien ?

On va dire que les cinq grandes équipes, Al Hilal et Al Shabab, Al Ittihad, Al Nassr, Al Ahli valent des équipes de Ligue 1 en fin de tableau. Après, les 10 derniers clubs qui luttent pour le maintien, ça vaut la fin de tableau de Ligue 2.

Mais, le championnat est en train de prendre une autre dimension avec l'arrivée de Cristiano Ronaldo d'abord et maintenant de Karim Benzema. En sachant qu'Al Ittihad, où va jouer Benzema, est le club qui compte le plus de supporters en Arabie saoudite. C'est le club du peuple.

Est-ce que l'aviez-vous vu venir cet engouement en Arabie saoudite. Faire venir des stars, rehausser le niveau du championnat pour, in fine, poser sa candidature pour l'organisation d'une Coupe du monde. Cela vous surprend ?

Non, pas tant que ça. Les Saoudiens ont de l'ambition, et pourquoi pas organiser une Coupe du monde comme l'ont fait les Qatariens. J'étais encore là-bas quand ils ont lancé le projet « Expo 2030 » pour déclarer leur candidature à l'organisation du Mondial en 2030 et pour promouvoir le sport et un an après, Cristiano Ronaldo a signé. Je ne suis pas surpris maintenant et j'avoue que si j'avais su, je serais parti jouer dans ce championnat plus tôt.

Ça vous a plu, même au niveau de l'environnement ? Pour un football, est-ce que c'est le bon environnement pour pratiquer son sport ?

Chacun a son truc, mais ma famille était là-bas pendant un an, et il n'y a pas eu de problème. C'est le choix de chacun. Il y a des gens, par exemple, aller à vivre à Montbéliard, c'est impossible (rires).

Moi, j'étais à Montbéliard [Commune de l'Est de la France, en région Bourgogne-Franche-Compté, Ndlr]. En Arabie saoudite, tu vis ta vie avec ta famille, tes enfants et tu te sens en sécurité là-bas.

On parle beaucoup d'argent avec les transferts de Ronaldo et Benzema, est-ce qu'il y a effectivement une grosse différence sur le plan financier par rapport à la France ?

Oui, ils payent bien, mais ils attendent de toi que tu sois performant tout de, sinon, ils n'hésitent à trouver un autre joueur. En Arabie saoudite, il y a l'avantage fiscal qui fait la différence. C'est simple, il faudrait qu'une équipe de Ligue 1 paye un joueur 100 000 euros par mois pour rivaliser avec la dernière équipe de la Ligue saoudienne.

Je gagnais bien ma vie en Ligue 2, mais partir en Arabie saoudite m'a permis de faire des économies et bien préparer ma reconversion. Aujourd'hui, je peux quand même investir ou faire un petit projet après avoir joué en Arabie saoudite.

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