Afrique du Nord: Soutien financier de l'UE à la Tunisie - Kaïs encore plus Caïd

analyse

Mais qu'est-ce qui fait courir les dirigeants de l'Union européenne (UE) en Tunisie ? Telle est la question que plus d'un se pose depuis que la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, accompagnée des dirigeants de l'Italie et des Pays-Bas, a pris son bâton de pèlerin pour se rendre au pays de Carthage et ce, au moment même où l'on sait que les relations entre Tunis et Bruxelles ne sont pas au beau fixe.

La tension, on se rappelle, était telle que le président Kaïs Saïed, visiblement agacé, avait déclaré qu'il ne se plierait pas au diktat des puissances étrangères, faisant ainsi référence aux pays membres de l'UE.

Conscient que son pays traverse la pire crise socio-économique de son histoire, le président Saïed a tout de même tenu tête au Fonds monétaire international (FMI) qui conditionne son appui financier à des réformes prévoyant, entre autres, la restructuration de plus de 100 entreprises publiques et la levée des subventions étatiques sur certains produits de base.

Mais Saïed peut désormais se frotter les mains puisqu'il vient de remporter une victoire d'étape dans le bras de fer qui l'oppose aux Européens. Car, ces derniers, conscients de la situation géographique de la Tunisie qui, on le sait, est la porte d'entrée des migrants, ont dû ravaler leur orgueil en ménageant les susceptibilités de Robocop, ainsi qu'on le surnomme.

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Si fait qu'au cours de leur séjour en Tunisie, les trois dirigeants européens, et pas des moindres, ont annoncé un « renforcement du partenariat » avec le pays, comprenant une aide financière pouvant à terme culminer à 900 millions d'euros sans compter une aide supplémentaire immédiate d'un montant de 150 millions d'euros.

L'attitude du président tunisien rappelle celle du président turc

Autant dire que Kaïd devient plus caïd, c'est-à-dire plus ragaillardi qu'il ne l'était ; lui que l'on accuse à tort ou à raison de violer les droits et libertés, et ce, depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021. Si l'opposition politique tunisienne et les organisations de défense des droits humains comptaient sur l'UE pour rappeler à l'ordre le locataire du palais de Carthage, elles en ont pris pour leur grade.

Devant les intérêts, les principes démocratiques et autres conditionnalités peuvent attendre. C'est, du reste, ce qui explique que durant leur séjour, les trois dirigeants européens qui marchaient sur des oeufs, ont su éviter les sujets qui fâchent. Et s'ils ont décidé de soutenir financièrement la Tunisie, ce n'est pas de gaieté de coeur. Loin s'en faut ! L'objectif, pour eux, c'est de faire du pays, le verrou qui protège l'Europe du déferlement de hordes de migrants illégaux.

Le phénomène préoccupe tant les pays de l'UE que les ministres de l'Intérieur ont prévu d'en parler au cours d'une rencontre prévue pour le 15 juin prochain à Luxembourg. En tout cas, l'attitude du président tunisien rappelle celle du président turc qui, on s'en souvient, avait fait chanter les Européens sur la problématique de la migration. C'est de bonne guerre. Car, en matière de relations internationales, seuls comptent les intérêts.

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