Madagascar: Procès - Doris Rakoto et Heritsitohaina Nambinina nient toutes les accusations

Jugés hier, à Anosy, Doris Rakoto Samuel, femme de Mahery Lanto Manandafy, et Heritsitohaina Nambinina, leader de la plateforme Gasy Leo, plaident non coupables.

Une heure et dix minutes de débats contradictoires, hier, dans la salle 3 du tribunal de première instance d'Antananarivo. Le procès a été intenté contre Doris Rakoto Samuel, la femme de Mahery Lanto Manandafy, et le politicien Heritsitohaina Nambinina Raherimampianina de la plateforme Gasy Leo. Ils ont été jugés pour les mêmes inculpations, à savoir manifestation interdite, attroupement sur la voie publique sans autorisation, et outrage aux forces de l'ordre par gestes et paroles. Ils les ont contestées. Le verdict sera connu le 23 juin. Présent dans la salle un peu plus tôt, Heritsitohaina Nambinina, assis sur le banc des avocats, avait l'air calme. Son enfant, âgé d'un an et demi, parmi l'assistance, n'arrêtait pas de l'appeler, criant d'une voix innocente : « Papa ». Doris Rakoto, quant à elle, s'est montrée toujours prête avec son veston rouge vif. Ils ont chacun leur avocat. Me Maka, du cabinet Willy Razafinjatovo, a plaidé pour Doris. Le président d'audience et le procureur n'ont pris leur siège qu'à 9h11. « Désolé pour le petit retard à cause du travail », s'excuse le juge.

Autorisation

Quelques renvois, délibérations et un procès sur une exploitation forestière illégale dans une aire protégée dans le district d'Anjozorobe, se sont déroulés avant d'arriver au tour de Doris et son coaccusé. Les faits reprochés à la femme de Mahery Lanto et au leader de Gasy Leo ont eu lieu le 31 mai, à Analakely, sur la Place du 13 Mai. Cela avait provoqué des troubles à l'ordre public, d'après le juge. « Pour moi, c'était une manifestation d'opinion en tant que citoyenne, une façon d'exprimer des idées. Nous marchions sur le trottoir sans avoir embarrassé la circulation. Je n'ai pas insulté les forces de l'ordre. J'ai toujours répété : vous êtes à nous population », argumente Doris Rakoto Samuel, debout à la barre. « Avez-vous eu l'autorisation ? », lui demande le magistrat du siège. « Exprimer mes opinions, en tant que Malgache, je ne devrais pas avoir besoin d'une autorisation... La population aurait pu montrer l'injustice, les frustrations et ce qu'elle revendique. J'ai fait une vidéo en direct et il n'y avait pas d'injures. Les gens qui m'ont entourée étaient mes gardes du corps et des chanteurs folkloriques », répond-elle. Le représentant du ministère public a pris le relais en mitraillant les deux accusés de questions.

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« Vous admettez que vous avez publié sur les médias et Facebook que vous irez sur la Place du 13 Mai. Est-ce une incitation du public ou pas ? La présence des tambours, est-ce pour attirer les gens ? Pourquoi avoir dû y mettre du 'sôva' (des chants polyphoniques traditionnels), des vacarmes pour susciter l'attention des badauds à Analakely?», interroge-t-il. Doris Rakoto a rappelé que le sôva a toujours accompagné les luttes. « Il y a un message à transmettre », dit-elle. Avant de s'adresser à Nambinina, le procureur a encore posé d'autres questions à Doris, sur l'autorisation, sur l'intervention des forces de l'ordre et sur le motif de son trajet avec son équipe. Le dirigeant de Gasy Leo a pour sa part raconté : « J'étais venu à Analakely vers 9 heures du matin. J'ai laissé ma moto près du Glacier. J'ai voulu acheter un chargeur, mais le vendeur n'en avait pas. Pendant qu'il en cherchait, je me suis déplacé pour boire un thé cola. C'est à ce moment-là que j'ai vu l'attroupement. Je me suis approché du rassemblement par curiosité. »

« Même si on va dire par curiosité, qu'aviez à faire là-bas, pourquoi ne pas partir, mais rejoindre les manifestants?», lui réplique le procureur. « Quand les gendarmes vous ont fait monter dans la voiture, avez-vous résisté ou pas, Doris ? », enchaine-t-il. Après les passes d'armes houleuses, le ministère public a articulé son réquisitoire. Les avocats ont à leur tour procédé à leur plaidoirie au cours de laquelle ils ont suggéré l'acquittement pur et simple de leurs clients, tout au moins au bénéfice du doute. Des applaudissements ont fusé pendant que Me Maka invoquait un exemple. La liberté provisoire demandée pour Nambinina, qui est en détention préventive à Antanimora depuis son arrestation, a été refusée. L'audience s'est terminée à midi.

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