Madagascar: Droit de l'homme - Des détenus mineurs préparent le BEPC

L'éducation est obligatoire chez les mineurs dans la maison carcérale d'Antanimora. Des détenus suivent des cours pour passer les examens officiels. Une école en prison.

Mika (nom d'emprunt) et Faly, deux détenus mineurs, à la maison carcérale d'Antanimora, préparent l'examen du BEPC. Ils ont eu un cours de mathématiques, hier matin, dans une salle de classe de la prison. « Nous avons traité la géométrie. Le théorème de Pythagore. On y étudie les longueurs des côtés d'un triangle. On utilise les formules, a2 b2 c2, pour avoir le résultat », nous lance Mika. Ce présumé auteur de viol, en prison depuis le mois de novembre, semble bien maîtrisé le sujet. Mais ses matières préférées restent l'histoire-géographie et le malagasy. Ces adolescents de 17 ans restent, cependant, dubitatifs quant au résultat de l'examen.

Les conditions dans lesquelles ils le préparent sont difficiles. Impossible de faire une révision, sereinement. Ils n'ont même pas leurs cahiers sur eux. « Ce sont nos enseignants qui les détiennent, car on ne peut pas les apporter dans nos cellules. Si les autres les trouvent, ils vont les prendre pour s'essuyer avec aux toilettes. Ce que je fais, c'est de consacrer un peu de mon temps chaque soir, avant de dormir, pour remémorer ce que j'ai appris », enchaine Mika. Faly, quant à lui, a dû mal à se concentrer. « Je n'ai plus la tête aux études.

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Tout ce que je veux, c'est sortir d'ici », lance ce présumé auteur de cambriolage, en prison depuis trois mois. Les étudiants Master 2 en Droits de l'homme de la Faculté de Droit et des sciences politiques de l'université d'Antananarivo, sont venus les sensibiliser sur les droits de l'homme, tout en les distribuant des produits de première nécessité, hier. Ils se tournent, principalement, vers les enfants qui sont en conflit avec la loi, dans le but de promouvoir les Droits de l'homme.

Droit d'être nourris

Ces futurs juristes spécialisés en Droit de l'homme ont informé ces enfants qu'ils ont le droit d'étudier, même en prison. « Etes-vous scolarisés ici ? », lancent-ils. « Oui », ont répondu avec une voix grave, les cent vingt détenus dans ce quartier des mineurs. « L'enseignement est obligatoire, ici », indique une source auprès de la prison. Ceux qui ne suivent pas l'enseignement général, effectuent des formations professionnelles, en pâtisserie, en mécanique automobile, en menuiserie, ou encore dans la fabrication de savon. Ils ont, également, parlé de leur droit d'être nourris et habillés. Les détenus témoignent que souvent, ils dorment le ventre vide.

« Tous les matins, c'est le manioc qui est au menu. Le midi, c'est du riz avec des légumes secs, des légumes et de la viande. Le soir, on se débrouille avec ce que nos familles nous apportent. Pour mon cas, ma mère ne vient pas souvent. Même si elle vient, ce qu'elle m'apporte ne suffit pas pour tenir longtemps », témoigne Mika. Ces étudiants M2 veulent sensibiliser davantage la société, à promouvoir une législation solide et à plaider en faveur des politiques publiques, respectueuses des Droits de l'homme.

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