Afrique de l'Ouest: Une action renforcée est nécessaire pour enrayer la propagation de la piraterie

22 Juin 2023

La coopération internationale fait des vagues dans la lutte contre la piraterie en Afrique de l'Ouest, mais il faut s'attaquer à ses causes profondes et assurer un financement durable pour éliminer complètement la menace, qui s'étend à d'autres régions, a déclaré mercredi une haute fonctionnaire de l'ONU au Conseil de sécurité.

Malgré les progrès accomplis dans la lutte contre les groupes criminels navigants, « les incidents de piraterie continuent de menacer la sécurité du trafic maritime dans la région », a déclaré Martha Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU pour l'Afrique au département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et au département des opérations de maintien de la paix.

Des moyens de dissuasion efficaces

Depuis son dernier briefing sur la sécurité maritime en novembre, elle a déclaré que la diminution constante des incidents de piraterie dans le golfe de Guinée était en grande partie due aux interventions des autorités nationales et des partenaires régionaux et internationaux.

« Ensemble, ces mesures dissuasives efficaces contre les groupes criminels ont été renforcées par l'opérationnalisation en cours de ce que l'on appelle l'architecture de Yaoundé, établie en 2013 avec la signature du Code de conduite connexe par les acteurs de la région », a-t-elle déclaré, notant que quatre des cinq centres de coordination interrégionaux sont maintenant opérationnels.

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Ces efforts, y compris la formation de groupes de travail navals conjoints, ont renforcé la coopération et le partage d'informations tout en forgeant un processus centralisé pour la sécurité maritime qui comble les lacunes en matière de capacités nationales et régionales, a-t-elle déclaré.

Des menaces variables d'une région à l'autre

Il est essentiel de relever rapidement les défis qui entravent la pleine opérationnalisation de l'architecture de Yaoundé pour maintenir les acquis actuels

« Toutefois, des lacunes subsistent », a-t-elle averti, appelant à un soutien accru pour les combler. Il s'agit notamment de défis tels que le manque d'équipements appropriés et de financement durable pour assurer la pleine opérationnalisation du Code de conduite.

« Il est essentiel de relever rapidement les défis qui entravent la pleine opérationnalisation de l'architecture de Yaoundé pour maintenir les acquis actuels », a-t-elle averti.

Des chiffres récents suggèrent déjà que « les incidents se déplacent régulièrement des eaux de l'Afrique de l'Ouest vers le secteur maritime de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale », a-t-elle ajouté.

Suivre les tendances

De 2016 à 2021, les groupes de pirates de la région ont modifié leurs méthodes, s'orientant vers la piraterie « enlèvement contre rançon », a indiqué le Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport sur la piraterie dans la région.

Une étude du programme mondial de lutte contre la criminalité maritime de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a montré que la piraterie de type « enlèvement contre rançon» a atteint son apogée en 2020, avec environ 140 personnes qui auraient été enlevées en mer.

L'étude a révélé que les groupes de pirates opéraient sans discernement, ciblant des navires de tous types, y compris des bateaux de pêche, et qu'ils intensifiaient leurs activités au-delà des frontières. À l'époque, plusieurs cas ont été signalés à plus de 200 milles nautiques des côtes.

Des efforts concertés

Dans ce contexte, le nombre de cas de piraterie et de vols à main armée en mer, y compris les enlèvements contre rançon, a diminué, passant de 123 en 2020 à 45 en 2021, grâce aux efforts nationaux, selon le rapport du Secrétaire général.

Le rapport note que l'effet dissuasif a été amplifié par le déploiement de marines autres que celles du golfe de Guinée, notamment par la présence continue de navires dans le cadre de l'opération « Présences maritimes coordonnées » de l'Union européenne, provenant du Danemark, de la France, de l'Italie, du Portugal et de l'Espagne, ainsi que par les patrouilles régulières des marines du Brésil, du Canada, de l'Inde, du Maroc, de la Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis.

Assistance de l'ONU

Pour sa part, l'ONU est prête à apporter son aide, a déclaré Mme Pobee.

Soulignant plusieurs efforts en cours, elle a indiqué que l'ONUDC fournit, entre autres, un soutien technique et logistique aux patrouilles conjointes.

Ensemble, le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS) et le Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (UNOCA) ont développé un projet interrégional pour mener une révision du Code de conduite, qui sera essentiel pour galvaniser le soutien à ces activités à un moment où la piraterie reste une menace pour la région du Golfe de Guinée.

Domaines d'action clés

Soulignant plusieurs domaines clés essentiels à la réussite de la révision du code, elle a déclaré que les nations devaient d'abord mettre à jour les cadres juridiques. Par ailleurs, le renforcement de la coordination entre le Centre interrégional et les partenaires « reste vital ».

En outre, les acteurs doivent s'attaquer aux causes profondes de la piraterie afin d'éliminer la menace.

« Pour éliminer efficacement la menace que représentent la piraterie et les vols à main armée en mer, les parties prenantes nationales, les organisations régionales et sous-régionales et les partenaires internationaux doivent également chercher activement à résoudre les problèmes sociaux, économiques et environnementaux sous-jacents qui sous-tendent le recrutement d'individus dans les réseaux criminels maritimes », a-t-elle insisté.

À cet égard, il serait important que le processus d'examen, lorsqu'il sera lancé, mette l'accent sur la prévention, envisage des moyens de renforcer les engagements communautaires plus participatifs dans l'architecture, et produise des données ventilées par sexe sur l'impact de la criminalité maritime sur les femmes, les filles, les hommes et les garçons afin de mieux informer les options politiques et les actions.

« Si rien n'est fait sur ce front, les progrès globaux dans la lutte contre cette menace seront limités », a-t-elle averti.

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