Madagascar: Les premières monnaies fabriquées au pays

La première fabrication d'une monnaie particulière dans la Grande île, a lieu au XVIIe siècle à Fort-Dauphin, dans l'établissement de la Compagnie des Indes orientales. Par la suite, il faudra attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu'un roi de l'Imerina fasse exécuter une monnaie d'argent.

Alfred Grandidier tire d'un manuscrit hova l'indication suivante : « On recherchait à Imerina pour les Sorona (offrandes, sacrifices) pour offrir à Kelimalaza (idole royale) les pièces d'argent nommées Taraiky, faites en Imerina par quelques Blancs y résidant sous le règne d'Andriambelomasina. » Son fils Guillaume Grandidier reprend cette note dans son Histoire politique et coloniale.

Selon lui, les Blancs ou Vazaha qui font ces pièces dites aussi volan-drazana (argent des ancêtres) pouvaient être des Arabes venus de la côte Nord-ouest. D'après J. et S. Chauvicourt, aucune description n'est conservée tant des monnaies de Fort Dauphin que des Taraiky d'Imerina. Dans ces conditions, indiquent les Chauvicourt, il est impossible d'effectuer un rapprochement avec certaines pièces de fabrication artisanale qui ont été retrouvées, associées à des bijoux malgaches, si l'on en juge par l'exécution du travail.

« L'argent devait être fondu et battu en lames qui étaient ensuite découpées en segments de forme irrégulière, puis à l'aide d'un burin, l'orfèvre reproduisait grossièrement la croix et l'écusson figurant sur les piastres de Mexico. » Leguevel de Lacombe, au cours de son Voyage à Madagascar et aux Iles Comores (1823-1830), écrit: « L'intelligence des Hovas est très développée et leur habileté dans plusieurs branches de l'industrie- notamment, dans la fonte et le travail des métaux- est l'un de leurs traits les plus remarquables. Ils fabriquaient autrefois de fausses piastres d'Espagne dont l'imitation était si parfaite que les Blancs eux-mêmes y ont longtemps été trompés. » Le XVIIIe siècle voit se développer le commerce avec les Iles de France et Bourbon.

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Des postes de traite sont échelonnés sur la côte Est, depuis Vohémar jusqu'à Tolagnaro, qui préparent les chargements de boeufs, de riz et d'esclaves en échange de produits manufacturés tels que fusils, poudre, toiles, rhum et, bien entendu, des piastres. En 1732, l'atelier monétaire de Mexico cesse la fabrication des pièces de 8 réaux « à la croix ».

La frappe au marteau est remplacée par le balancier, dont sont issues les belles piastres colonnes, puis à partir de 1772, les piastres au type buste de Charles III, Charles IV et Ferdinand VII. Avant de prendre la route des Indes via Madagascar ou les Mascareignes, les navires européens s'approvisionnent en piastres hispano-américaines en passant à Cadix qui en est le distributeur pour l'Espagne. Au cours de son Voyage dans le Sud et dans l'intérieur des terres et particulièrement, au pays d'Hancove en 1777, Mayeur peut noter : « Ces peuples n'ont point d'espèces courantes marquées au coin, de leur prince.

Ils utilisent toutes espèces monnayées quelconques, pourvu qu'elles soient d'argent et que le poids leur convienne. Ils reçoivent aussi l'argent coupé ou travaillé, mais donnent la préférence à celui qui est monnayé et même font une diminution assez grande sur le prix quand ils savent qu'ils seront payés de cette manière. » Sous le règne de Radama Ier (1810-1828), la région centrale connaît une période de développement économique grâce aux influences européennes qui s'y exercent.

Convaincu de l'intérêt des techniques modernes, le souverain attire dans sa capitale des missionnaires britanniques, des instructeurs militaires, des artisans, tandis que des jeunes gens sont envoyés en Angleterre et à Maurice pour y recevoir une formation professionnelle. Son règne est aussi marqué par de grands changements, notamment les conquêtes à l'Est et à l'Ouest qui lui donnent l'accès à la mer.

Il en résulte une extension du commerce dans l'Imerina d'abord, puis dans toute l'île. « Le souverain, grand admirateur de Napoléon, devait songer à marquer son règne par la frappe d'une monnaie à son effigie, à l'instar des monarques européens. » Une tentative est faite dans ce sens vers la fin de son règne. Elle donne lieu à l'exécution de pièces d'essai d'argent de 36mm de diamètre et pesant 13gr. « Le motif figurant au creux, sur la tranche points et traits alternés, est identique à celui des piastres espagnoles qui circulent à Madagascar au début du XIXe siècle. Cet essai monétaire reste sans lendemain, aucune frappe n'est entreprise en raison du décès du roi en 1828. »

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