Madagascar: Des spécimens de monnaie dus à l'initiative de particuliers

Radama Ier songe à marquer son règne par la frappe d'une monnaie à son effigie, à l'instar des monarques européens. Mais la mort du roi en 1828 laisse cet essai monétaire sans lendemain, et aucune frappe n'est entreprise. Pourtant, selon les chercheurs, cette pièce de monnaie présente à l'avers, le buste du roi tourné à droite, tête nue, les épaules drapées dans un lamba.

Le profil est comparable au portrait du roi publié en 1838 par le Rev. W. Ellis dans son Histoire de Madagascar. L'inscription circulaire « Radama Manjaka Madagascar » est gravée en relief comme le buste lui-même. Les lettres sont de formes irrégulières, la lettre H est mise pour K dans Manjaka, tandis que la hauteur excessive de certaines lettres du mot Madagascar fait disparaître le grènetis. Au revers, une couronne à cinq arceaux occupe le centre de la pièce avec dessous, le millésime 1826.

La légende circulaire « Manoume ahy ni fanjakana Andriamanitra» (Dieu m'a donné le royaume) est d'une exécution aussi irrégulière. En revanche, le grènetis assez fruste est complet. Après le premier essai sous Radama Ier, il faudra attendre le règne de Ranavalona III (1883-1897), pour que diverses tentatives soient faites par des particuliers et des établissements bancaires français et anglais, pour doter l'ile d'une monnaie divisionnaire. L'opération doit rapporter des bénéfices importants au concessionnaire si l'on en croit une lettre du résident général de France, Bompard, le 29 décembre 1890.

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« Le gouvernement malgache a, paraît-il, l'intention d'échanger pour de la monnaie divisionnaire et principalement de cuivre, le trésor accumulé dans les caves du Palais par la reine Rasoherina ; trésor qui serait de 800 000 francs en piastres mexicaines, dont 500 000 francs au moins seraient convertis en billions. En tout cas, la monnaie d'argent coupé en circulation doit être retirée contre du nickel et du cuivre. C'est là un emploi de 4 000 000 francs au moins de cette monnaie divisionnaire.

Quoi qu'il en soit, le bénéfice à réaliser sur l'émission de monnaies de nickel et de cuivre ne paraît pas devoir être inférieur à 2 500 000 francs. » Comme le précisent J. et S. Chauvicourt, le risque étant moindre sinon nul et la mise de fonds au départ minime, la concession pour la fabrication de la monnaie est âprement disputée. Un des candidats, Rigaud, estime « qu'un premier versement de 300 000 francs à la monnaie (de Paris) fournissait de 6 à 700 000 francs de monnaie nouvelle, envoyée immédiatement à Madagascar ; l'opération renouvelée trois fois, fournissait avec un capital de 900 000 francs, deux millions environ de monnaie nouvelle ; le débours une fois fait, ce n'était plus qu'un roulement de fonds, un va-et-vient continu qui eût régulièrement fonctionné jusqu'au retrait définitif de l'ancienne monnaie ».

Le Premier ministre Rainilaiarivony, dont l'habileté et la prudence sont bien connues, ne se précipite pas pour régler cette affaire. Il y réfléchit pendant dix ans, « examinant les différents projets qui lui étaient soumis, signant des contrats, encourageant la fabrication d'échantillons monétaires, puis opposant des réponses dilatoires au moment où une solution favorable paraissait en vue ». Les pièces frappées à cette époque par des ateliers monétaires sont, en général, classées dans la catégorie des monnaies non officielles par les numismates. « Ce sont des spécimens dus à l'initiative de particuliers ou d'établissements bancaires installés à Antananarivo, soucieux d'obtenir la concession pour la fabrication de la monnaie. La première tentative de monnayage de facture française date de 1883. À l'avers, la couronne surmontée d'une aigrette à sept plumes est encadrée par deux palmes fleuries, trois rosettes disposées en triangle. Dans l'inscription circulaire, on lit « Ranavalomanjaka Mpanjaka ny Madagascar» (Ranavalona, reine de Madagascar). Il existe une variante de l'avers, identifiable grâce aux gros caractères qui constituent l'inscription circulaire et la présence de deux points au lieu de deux étoiles. » Le revers des deux pièces de 5 francs est identique : dans une couronne formée de deux branches de laurier nouées par un ruban, se lisent « 5 francs » et le millésime « 1883 ».

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